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Le forgeron
du village
Il y avait encore
avant guerre un forgeron à Vierville, Auguste Blin, ayant
aussi une petite ferme route de Formigny, grand blessé de la
Grande Guerre. Il se chargeait de l'entretien du matériel agricole
et du ferrage des chevaux. Par chance, en 1938, des petits-fils de Madame
Hausermann ont photographiés sa forge avant sa disparition totale
après la guerre, avec la fin des chevaux de trait et l'introduction
des tracteurs.
(détails)
La forge avec à gauche le foyer et 2 enclumes, à
droite une meule.
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une facture datant de mars 1937, signée
par Auguste Blin. Elle concernait le réparation d'une pompe
à eau probablement
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(détails)
Le père Blin (Auguste Blin), forgeron en 1938, occupé
à raper le sabot du cheval des Hausermann. Le petit-fils
de Madame Hausermann, Jean-Pierre Chedal-Anglay, tient le cheval
qui s'appelle "Muscadet".
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Les forgerons se succédaient, semble-t-il, de père
en fils dans la famille Blin; le dernier forgeron de ce nom vivait dans une vieille
petite ferme sur la route de Formigny, elle existe toujours. (photo à droite)
La forge se trouvait rue Pavée, dans le bourg, (la photo ci dessous montre
le bâtiment qui subsiste).
Le
local de l'ancienne forge, rue Pavée
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La ferme Blin, sur la route de Formigny, aujourd'hui devenue
une maison d'habitation.
Plan de la maison de Mr Blin, rfue Pavée,
avec la forge dans la remise, vers 1950
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Un objet insolite réalisé
par un aïeul du forgeron de Vierville
Il s'agit d'un modèle réduit
en bois de 32 cm de long représentant un tricycle pour
deux personnes. Il a été réalisé
en captivité en 1871 par Michel-Jules-Clément
Blin. Voir à droite deux articles de journaux à
ce sujet.
A l'époque la bicyclette
n'existait pas, il s'agissait donc d'un objet exceptionnel.
Les roues étaient construites comme celles des charettes,
en bois.
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le petit tricycle en bois de 32 cm de long
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Michel-Jules-Clément Blin était
né à Vierville le 14 juillet 1848, il a remplacé son père
comme forgeron de village à Vierville. Celui-ci avait commencé à
travailler à Ste-Honorine avant d'installer sa forge à Vierville,
mais il fut atteint de paralysie.
Appellé
au service militaire en 1869, au 13ème Dragons, Michel Blin a dû
faire la guerre de 1870 où il a été fait prisonnier.
Pendant cette période passée en Silésie, à Breslau
notamment (aujourd'hui en Pologne sous le nom de Wroclaw), il mis à profit
son habileté manuelle pour réaliser des modèles réduits
divers, outils, instruments, et ce curieux tricycle. Les outillages employés
étaient eux aussi de sa fabrication. Il a pu ainsi améliorer l'ordinaire
de son groupe en vendant ses oeuvres à des Allemands.
Michel
Blin est mort le 12 mars 1911. Sa veuve a conservé une partie de ses travaux
et les a donnés au Musée Baron Gérard de Bayeux. Cette collection
se compose de sept pièces.
La plus importante est un modèle de
tricycle en bois. Se longueur totale est de 32 centimètres. Les roues arrières
ont un diamètre de 138 millimètres; la roue avant est plus grande,
avec un diamètre de 154 millimètres. La hauteur maxima prise au
niveau du guidon est de 20 centimètres. Ce tricycle est à deux places
posées en tandem, l'antérieure munie d'une selle de vélocipédiste,
la postérieure d'un siège à galerie pouvant être occupé
par une femme. En l'absence d'un compagnon masculin, l'appareil peut être
mû à la main au moyen de deux manettes et d'un guidon de direction
placé entre ces manettes. Cette oeuvre a été réalisée
en 1871. Elle constitue pour l'époque une nouveauté, la bicyclette
n'existait pas encore. Grâce à son métier de maréchal-ferrant,
Monsieur Blin a pu ainsi confectionner les roues à la manière de
celles des charrettes. Un objet exceptionnel.
Son
petit-fils, Auguste Blin, était forgeron à Vierville en 1939. Il
avait fait la guerre de 1914/18 dont il était revenu grand blessé
et gazé. Il n'a pas eu de descendance et depuis Vierville n'a plus eu de
forgeron.
(adaptation de la Renaissance
du Bessin qui a raconté son histoire).
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