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Les destructions de guerre à Vierville
Je vous propose de faire appel aux souvenirs de beaucoup
d’entre vous qui ont vécu cette époque de l’après guerre lorsqu’il leur
a fallu reconstruire un village fortement marqué par les destructions
et le manque de beaucoup de ressources.
Le sujet est immense et les données exposées mériteraient
d'être vérifiées et complétées par les
souvenirs de chacun.
1 - Comment les destructions se sont-elles produites ?
2 - Quel était l’état des lieux à la fin de 1944, lorsque les armées
ont quitté le village ?,
3 - Quelles mesures provisoires ont elles été appliquées
?
4 - En principe la reconstruction était
financée l'Etat en application de la loi sur les " Dommages
de Guerre " mais
----- cela ne préjugeait pas de l'échelonnement des dépenses.
En fait la reconstruction à Vierville était à peu
près achevée vers 1959/60, soit au bout d'une quainzaine
d'années.
----- la reconstruction n'était pas financée à l'identique,
notamment dans le cas des constructions anciennes d'intérêt
architectural mais non classées.
----- Les indemnités pouvaient être transférées
dans d'autres communes.
5 - Divers domaines doivent être distingués :
Les bâtiments publics
Les services publics :
urbanisme, routes, réseaux divers (sachant que certains étaient inexistants),
Le déminage, notamment des dommages
aux exploitations agricoles
L'enlèvement des épaves
Les bâtiments privés, les commerces, les artisans, les exploitations
agricoles:
sur la plage et son accès :
la descente à la mer,
le boulevard de Cauvigny partie
ouest,
le boulevard de cauvigny
partie centre ouest,
le boulevard de Cauvigny partie
centre est,
le boulevard de Cauvigny partie
est
et dans le bourg et les
hameaux isolés
Très globalement, à la fin de 1944:
Avaient été détruits: la plupart des bâtiments
publics, la totalité des résidences secondaires et des commerces de la
plage et 5 des grandes maisons anciennes isolées (Than, Les Isles,
L’Ormel, ferme de Vacqueville,
maison Le Large).
Avaient été épargnés: la plupart des
résidences principales ou secondaires du bourg et des hameaux, les
grandes et petites fermes dispersées, et 3 grandes maisons anciennes isolées
(Château de Vierville, le Vaumicel, Saint-Sever).
Mais
la plupart des constructions épargnées avaient
subi des dégâts importants du fait :
- des combats,
- du manque d’entretien pendant 6 ans,
- des dégâts dus aux toitures non réparées,
- de l’occupation par les troupes allemandes (juin 40 à juin 44)
- puis américaines (juin à décembre 44),
- des suites de l’explosion de munitions à Asnières en novembre 1945,
- etc. …
L'origine de toutes ces destructions doit être recherchée
dans une série d'évènements survenus avant même
le débarquement,
- dès 1943/44,
- les 6 et 7 juin 1944,
- puis pendant l'exploitation du port Mulberry de Vierville jusqu'à
la fin de 1944 et même plusieurs années après.
Cidessous un document de travail pour préparer la liste des dommages
de guerre affectés à chaque habitation:
Avant le
débarquement, dès 1943, les Allemands
avaient entrepris la construction des défenses de la côte.
Comme ils ne pouvaient disposer d'effectifs suffisants pour garder
tout le rivage, ils avaient établi des points fortifiés
isolés qui pouvaient battre de leurs feux les espaces laissés
vides entre eux. Cela impliquait la destruction de toutes les constructions
pouvant obstruer leurs champs de tirs. C'est ainsi que à
la date du débarquement, la plupart des bâtiments
de la plage étaient
- soit déjà détruits
- soit en cours de destruction.
Le 6 juin
entre 6h et 6h20 du matin, les points
fortifiés de Vierville, (les WN 70 à 73), ont été
bombardés par des avions et des navires Alliés.
Le bombardement aérien n'a eu aucun effet, toutes les bombes
étant tombées hors de leurs objectifs et hors du village.
Le temps bouché est responsable de ces erreurs.
Le bombardement naval a atteint effectivement des fortifications
allemandes
visées
sur de la côte, mais le bourg a reçu aussi des obus de marine,
provenant de la dispersion naturelle des tirs d'artillerie.
Quelques
bâtiments ont ainsi été endommagés : le château , la boulangerie
(un obus entré dans le fournil a tué le bébé de la boulangère et
sa nièce), la maison de Mr Leterrier et probablement quelques autres
maisons.
Vers
14h le même jour,
le clocher, seul visé, a été
détruits par le destroyer « Harding », mais l'église
et des bâtiments voisins ont été détruits
en même temps.
Dans
la journée du 7 juin, lors des combats du nettoyage final,
plusieurs grandes maisons
isolées et anciennes de la commune ont été incendiées par
les américains qui cherchaient à en faire sortir les
défenseurs Allemands.
Le
7 juin à 20h,
le carrefour principal a été bombardé par les Allemands, plusieurs
obus ont atteint et détruits les bâtiments du carrefour,
blessant mortellement le postier. Ainsi ont disparu la poste, le
local servant de mairie, l'école, le local bibliothèque,
une aile de l'hôtel de la Pie qui Tette, et les logements
des instituteurs et du postier.
Entre juin et décembre 1944, les Américains
ont exploité leur tête de pont d'Omaha Beach en élargissant
les routes, en en créant de nouvelles et en occupant de très
nombreus herbages et labours pour leurs besoins de cantonnements
et de stockages de matériels.
A cette occasion ils ont réouvert et agrandi la carrière
de la rue de la Mer, utilisé tous les galets de la plage
et détruits parfois des maisons seulement endommagées
pour se procurer des matériaux routiers.
Pour mémoire, fin 1945, une explosion
d'un dépôt d'explosifs américain à Asnières
a causé d'important dégâts à
vierville, par effet de souffle à longue distance. Voir une
lettre du préfet à ce sujet.
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En 1945, la paix revenue, les destructions en France étaient
telles qu'il était tout à fait impossible de tout reconstruire
simultanément.
Pour notre commune, il aura fallu en fait y consacrer une quinzaine
d'année, car Vierville était bien loin d'être
prioritaire, d'autres villes étaient, elles, complètement
détruites, sans parler des infrastructures essentielles de
la France.
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Dès 1944, un entrepreneur français
de Tunisie (un royaume alors sous protectorat français)
a écrit au maire de Vierville en proposant de financer
une partie de la reconstruction. Ci-joint la
lettre écrite au maire le 20 décembre 1944,
par Monsieur Louis PARIS, exposant ses motifs et son souhait.
Il ne semble pas qu'une suite ait été donnée
à cette offre généreuse mais peut-être
un peu irréaliste. |
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