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L'Eglise Saint André de Vierville

(extraits et adaptations des Notes Historiques sur le Bessin, de la Statistique Monumentale du Calvados par Arcisse de Caumont, du Patrimoine du Calvados, et les documents "Le Bessin, églises au coeur" de l'ADTLB)

   
La construction primitive de l'église date du 12ème siècle, mais la majeure partie de l'édifice et le clocher sont du 14ème siècle.

Il y avait autrefois des bas-côtés et le bâtiment a été remanié à plusieurs reprises et à plusieurs époque, notamment au 19ème siècle. De ce fait, l'église n'a pas de caractères bien déterminés dans beaucoup de ses parties.  
  
Le clocher a été classé monument historique dès 1913 et les combats du 6 juin 1944 ont détruit le clocher, la voûte de la nef et le presbytère, épargnant le choeur. L'église a été reconstruite au début des années 1950, à l'identique pour le clocher. 

La grange dîmière de l'ancien presbytère, près de l'église, a aussi été restaurée plus récemment et elle a retrouvé un aspect plus conforme à son architecture d'origine.

Voir aussi
Les cartes postales et photos de l'église Saint André
Les curés de Vierville
La notice rédigée par l'Abbé Le Paulmier et poursuivie par l'Abbé Robert
Les combats du 6 juin 1944
Une note sur le rôle de la paroisse dans les écoles et les soins aux malades sous l'Ancien régime



Le clocher et le portail de l'ancien presbytère (avant-guerre)
détails


(détails)   L'église et l'ancien presbytère,
avant-guerre. Le sommet du clocher était blanchi pour servir d'amer aux navires




L'église en 1945


(détails) La grange dîmière de l'ancien presbytère, près de l'église, a été restaurée récemment et elle a retrouvé un aspect plus conforme à son architecture d'origine

La première église a été bâtie au 12ème siècle par les habitants de Vierville et par ses 3 patrons: le seigneur de Vierville, le seigneur d'Aigneaux et le seigneur de Ver en Veret. Le curé percevait 1/3 des dîmes.
Les "patrons" étaient titulaires des "bénéfices" et ils avaient le droit de présenter le futur curé de la paroisse à l'évêque qui le confirmait ensuite. Ces patronages ont changé de titulaires par la suite.
Dès 1165, Raoul d'Aigneux a cédé ses droits à l''Abbaye de Cerisy (voir ci-contre)

Plus tard, l'abbaye de Cerisy et la famille de Ver ont dû céder leurs droits aux sieurs de Vierville, puisque le "Livre Pelut", écrit vers 1355, indique Guillaume de Vierville, comme seul patron de l'église.
En 1675, la carte du diocèse de Bayeux confirme que le patron de la paroisse (avec droit de présentation du curé) est le seigneur du lieu.
Dans le chartrier des Archives de Cerisy, 1165, Raoul d'Aigneaux s'exprime ainsi: "Voulant faire le profit de mon âme et des âmes de mes prédécesseurs, par le conseil de mon frère Gislebert et de mes amis, je donne à Dieu et à Saint-Vigor de Cerisy en perpétuellle et pure aumône tout le droit et advocation qui m'appartient à titre héréditaire en l'église de Saint-André de Vierville avec toutes ses appartenances excepté deux gerbes...    et afin que cette donation demeure ferme et stable, j'ai voulu la mettre par escrit et la corroborer du garnissement de mon sceau en présence d'Henri, évêque de Bayeux, Robert, archidiacre, Henri, sous-chantre, Raoul et Jourdan, chanoines, Hugues, prestre d'Engerville, Jourdan, prestre, Marlin, diacre, Gislebert, mon frère, et Geffroy de Saulxmesnil."

On voit aux archives de la Préfecture du Calvados une étroite bande de parchemin attestant que Raoul de Vierville reçut, en 1407, la tonsure cléricale des mains de l'Evêque de Bayeux, Nicolas du Bosq, conseiller du roi et président de la Chambre des comptes de Normandie.


Extrait de la carte de Jean Petite dessinée
en 1675

Extrait de la légende de la carte : le "S" indiquant que le patron est un seigneur laïque
A contrario, le "A" stylisé à côté de l'église de St-Laurent signifie que son patron en est l'Abbaye de Cerisy.
La construction primitive de l'église date du 12ème siècle, mais la majeure partie de l'édifice et le clocher sont du 14ème siècle. Il y avait autrefois des bas-côtés et le bâtiment a été remanié à plusieurs reprises et à plusieurs époque, notamment au 19ème siècle. De ce fait, l'église n'a pas de caractères bien déterminés dans beaucoup de ses parties. On se demande comment dans ce 14ème siècle, troublé par la guerre de Cent Ans, les revers de Philippe VI et de Jean II le Bon, les VierviIlais ont pu achever leur magnifique clocher. Sans doute ils ont fait le maximum pour attester de leur foi, comme l'avaient fait au 13ème siècle de Saint-Louis, leurs voisins de Louvières et ceux d'Asnières en construisant leurs magnifiques clochers de pierre.

L'église et le cimetière sont clos par un petit mur de pierre. Au nord, un vieux porche permet d'accéder à un parking fleuri avec une plaque commémorative des morts de Vierville pendant les deux guerres mondiales.

Dans le cimetière, une inscription sur une pierre tombale rappelle:

" ICI REPOSE LE CORPS DE MESSIRE GILLES ARMAND DE MARGUERYE CHEVALIER SEIGNEUR ET PATRON DE CETTE PAROISSE SEIGNEUR DE MONMINOT, HOUTEVILLE, ET AUTRES LIEUX DÉCÉDÉ LE 31 DÉCEMBRE 1738 AGÉ DE 65 ANS PRIEZ DIEU POUR LE REPOS DE SON AME."

Ce seigneur de Vierville était le fils des constructeurs du château, Gilles de Marguerye et Marie-Thérèse Canivet-Maillard, héritière du domaine de Vierville.

 

Visite et description de l'église




(détails)La nef et le choeur voûtés, avant la guerre, et avant la reconstruction en berceau de la voûte de la nef.
Les bancs fermés en bois (autrefois loués) ont disparus avec l'effondrement de la voûte en 1944.



Plan de l'église



Un chapiteau avec une tête triple (3)


(détails)Les colonnettes (8)


Le choeur aujourd'hui (6)


Le quatrième pilier du mur sud figure deux griffons ou vautours fauves à double corps, pattes de lions et plumage. (3)

 

 

Visite de l’intérieur de l’église

En 1847-48, Monsieur Delaunay, architecte de Bayeux, a restauré le clocher de Vierville et ouvert deux baies en lancette géminées (ou double) surmontées d'un trèfle, l'une dans le choeur, l'autre au dessus de la porte occidentale (1)  (porte d'entrée). ‑ Cette dernière est garnie de deux verrières : Saint Pierre et Saint André.

‑ Les artilleries allemandes et américaines ont détruit l'église et le presbytère lors des opérations du Débarquement allié. Le clocher abattu s'effondra sur la nef. Reconstruite, la nef est voûtée en berceau (2) et ses arcs retombent sur des culs de lampes (morceau de colonne tronquée). La nef paraît dans son ensemble du 14ème siècle. Cette nef a été voûtée autrefois (jusquà sa destruction le 6 juin 1944) comme le choeur. Elle a été reconstruite en berceau et avec des arcs retombent sur des culs de lampes (morceau de colonne tronquée).

‑ L'édifice est assez important et possédait autrefois des bas-côtés aux vues des arcades ogivales (arcs brisés) assises sur des piliers courts et trapus (colonne monocylindriques du 14ème siècle) qui sont encastrés dans le mur méridional et présentent une face de leur chapiteau à l'intérieur et une face sur la muraille extérieure.

‑ Vous observerez les chapiteaux des piliers qui constituent le lieu d'élection de la sculpture. Le décor végétal de quintefeuille et de feuille de chêne (près du choeur) est le plus fourni.

‑ Le quatrième pilier du mur sud (3) figure deux griffons ou vautours fauves à double corps, pattes de lions et plumage.

‑ Dans la partie supérieure du mur sud, six lucarnes cintrées (un demi cercle clos leur partie supérieure) sont garnies de vitraux colorés.

L'arc triomphal (4) ou l’arcade séparant le choeur de la nef a été restauré aux 19 et 20ème siècles.

‑ Le cintre est soutenu par deux colonnettes engagées de chaque côté dont les chapiteaux soutiennent un entablement.

‑ Au sud du choeur, une chapelle à voûte d'arêtes saillantes (5) est garnie d'un autel orné d'un haut-relief classé objet historique en 1908. Voir encadré ci-dessous.


A droite du maître-autel, deux crédences plein cintre aménagent des fontaines liturgiques (7)

 

 

 

 


L'arcade (ou l'arc triomphal) séparant le chœur de la nef (4)


Un chapiteau (14) de la nef

Le bas-relief de la cruxifiction (5)dans la chapelle latérale

(détails)

Ci-contre, le haut-relief de la chapelle latérale de l'église de Vierville-sur-mer.

Ce haut-relief a été classé comme "mise en croix du Christ" au titre d'objet historique depuis le 30 novembre 1908.

Mais le vocable de l'église, les liens du martyr font plutôt croire qu'il s'agit du martyre de saint André.
Sur la base de données actuelles du ministère de la culture, il est nommé "Martyre de Saint André". Il date du 13ième siècle.

Commentaires de la base de données du ministère de la Culture:
"
Le saint, barbu, simplement vêtu d'un pagne est lié sur la croix latine ; un personnage est couché sous la croix ; deux autres encadrent le personnage couronné, tenant une épée, qui pourrait être le proconsul Egeas".

Le haut-relief porte l'inscription suivante signée de l'abbé P.F. Bunouf, curé de Vierville entre 1866 et 1900:

"Bas-relief du XIIIème siècle, retrouvé lors de la reconstruction d'un pilier de la tour en 1878, réparé aux frais de Monsieur de Marguerit de Rochefort. L'église lui doit aussi sa restauration à laquelle il a largement contribué"

(En 1878, la famille de Marguerit de Rochefort était propriétaire du manoir de Than, voisin de l'église)


 ‑.Le choeur (6) présente une voûte en anse de panier, ses arêtes saillantes reposent sur des colonnes aux chapiteaux gothiques (13 et 14ème  siècles) ornés de motifs végétaux : trèfle et feuille d'acanthe, chêne et lierre, feuille de vigne et raisin (vous en trouverez sur les clefs de voûte).

- La voûte du choeur a été restaurée au 18ème siècle pour éviter probablement la poussée sur les murs latéraux dont on craignait la chute. Ce n'est pas le seul exemple de voûtes en pierre détruites à cette époque par mesure de prudence. Les fenêtres géminées ou doubles évoquant le style gothique flamboyant (imitant les flammes, du 15ème siècle) sont du 19ème  siècle.

‑ A droite du maître-autel, deux crédences plein cintre (7) aménagent des fontaines ou éviers liturgiques. Chaque pilier porte des chapiteaux ornés de palmettes très simples, d'autres sont agrémentés d'un filet de perles dit "décor de besants" figurant la pieuvre, le blé ou les bijoux. 

- On a aussi construit au 18ème siècle une sacristie appliquée sur le chevet du choeur, elle masque malheureusement la fenêtre du chevet

‑ Au nord-est. la chapelle baptismale (8) constitue l'assise de la tour-clocher. Les gros piliers soutenant la tour sont cantonnés par un faisceau de colonnettes à chapiteau de feuille d'acanthe.

‑ Dans le mur nord de la nef (9), des lucarnes percent le haut du mur. Dessous, des arcades en lancette reposent sur des colonnes en méplat encadrées de colonnettes qui se prolongent par un tore encadrant la lucarne et l'arcade gothique.

Visite de l’extérieur de l’église

La façade ouest présente un petit porche-hall (10) qui couvre l'entrée ouverte en lancette (arc brisé) à deux archivoltes de gorges et boudins.

‑ L'église et le cimetière sont clos par un petit mur de pierre. Au nord, un porche permet d'accéder à un parking fleuri et exposant une plaque commémorative (11) des deux guerres mondiales.

‑ Au nord, l'extérieur de l’église montre clairement la suppression des bas-côtés rebouchés par de longues pierres appareillées qui contrastent avec l'appareil de maçonnerie du haut du mur.   L'ancienne église couvrait autrefois une superficie plus considérable que celle de nos jours répondant peut-être aux besoins d'une population plus nombreuse.

‑ La tour-clocher (12) comporte une base enserrée par de gros contreforts et percée d'une porte dont le tympan est fleuri d'une rosace quadrilobée.

‑ L'étage présente sur ses quatre faces, une ou deux ouvertures géminées approfondies par quatre voussures soutenues par des colonnettes.

‑ La flèche en pierre (huit pans)(13) est encadrée de quatre fillettes ou clochetons aux angles entre lesquelles on a ouvert de hautes lucarnes à fronton élégant (en forme de dais) couvert d'une flèche.

‑ Notez la corniche à gargouilles, ces conduits adaptés à une gouttière qui déverse les eaux de pluie loin des murs, parfois drôlement sculptés ; ainsi, on observe des gargouilles en forme de crocodile et de griffons.

-  Au sud de la nef, vous apercevez le décor des chapiteaux des arcades (14) qui ouvraient sur des bas-côtés.


Animaux et plantes,
supports symboliques des préceptes moraux

Ce n'est pas d'hier qu'un animal dans la sculpture ou le langage peut être signe de formes ou de fonctions humaines d'un sens masqué.

Pour nous aider à comprendre la genèse d'un symbole, nous disposons des bestiaires (lapidaires ou volucraires), ouvrage médiévaux servant de registre aux sculpteurs. Ils contiennent des descriptions de quadrupèdes, d'oiseaux, de reptiles, de poissons et de pierres, accompagnées d'explications dont le but était de rappeler aux fidèles des vérités morales et religieuses. Ils ne décrivent le monde animal que pour le constituer en réseau symbolique signifiant à l'homme son destin et la grandeur de Dieu. Le premier exemple de bestiaire apparaît au début du 12ème siècle chez Philippe de Thaon, il dépeint un monde manichéen, le combat permanent entre le démon et Jésus, les vices et les vertus dont la nomenclature a été illustrée par le poète Prudence (5ème siècle), référence en la matière d'inspiration sculpturale. Cette forme littéraire est encore illustrée au début du 13ème siècle par Guillaume Leclerc de Normandie.

Le lion: symbole de la chrétienté. On dit de lui qu'il est le seul animal à naître les yeux ouverts, (vision du monde perspicace et claire), symbole d'une conscience franche, de réalisme et de clarté sur le monde.
Serpent, escargot, limace, tout animal rampant symbolise la mort, l'irréversible destin des mortels. Ils rappellent à l'homme l'humilité (qu'il doit pratiquer) dont il doit se pourvoir face à l'éternité de Dieu.
Ane: homme ignorant ou entêté, symbole du malin, du païen.
Jumeaux: symbolise la double tête de Janus. La sagacité d'un personnage doué d'un regard permanent sur le passé et l'avenir.
Le griffon : animal fabuleux représenté avec le corps du lion, la tête et les ailes de l'aigle, les oreilles du cheval et de nageoires de poisson.

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