L'ÉGLISE  SAINT  ANDRÉ  DE  VIERVILLE
détruite et reconstruite

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Comment et quand l'église de Vierville a-t-elle été détruite?

Le 6 juin en début d'après-midi, les Américains occupaient le centre de Vierville avec quelques centaines de fantassins, sans armes lourdes ni véhicules. Leur chef, le Colonel Canham (du 116ème régiment) était isolé, ne contrôlant que 200 hommes du 1er bataillon et 500 Rangers. Sa seule radio en état était celle de l'officier de liaison du 743ème bataillon de chars, unité qui était restée sur la plage et ne pouvait être jointe. Le Général Cota (de la 29ème Division) était reparti à pied vers la plage par la route, à la recherche de ses autres unités débarquées.

C'est dans cette confusion que l'église, qui ne préoccupait personne à Vierville, a été bombardée.

A 13h50, un timonier du LCI 538, alors au large d'Omaha Beach, a envoyé un message optique au destroyer "Harding" qui croisait devant Vierville en cherchant des objectifs. Aucun navire n'avait de liaisons radio sûre avec les troupes à terre.

" D'après une information des équipes d'observation à terre, croyons que le clocher est un observatoire d'artillerie. Pouvez-vous le détruire?"

Réponse du "Harding": "De quelle église s'agit-il?"

"Vierville" a répondu le LCI 538

"Ne voulez-vous pas parler de Colleville?"

"Le Colonel Houston (??) dit que non"

Le "Harding" a insisté: "D'où tenez-vous cette information?"

Réponse: "Du Colonel Houston"

Le "Harding" a rendu compte de la demande au Commandement des Observateurs Avancés de la Force O. Celui-ci a répondu 5 minutes plus tard, accordant la permission de tirer sur l'église pendant 1 minute, indiquant par la suite que l'on avait déjà tiré sur cette église et que pas plus de 1 minute de munitions ne devaient y être consacrées.

Le compte-rendu d'opération du "Harding" note, "A 14h13, ouvert le feu à 3200 yards (2900m) et démoli complètement l'église, utilisé 40 coups (de 127mm), tous au but."

Bien que le major Reed (??) des Rangers ait indiqué par la suite au "Harding" que 4 mitrailleuses Allemandes étaient dans le clocher, il semble bien que l'information était complètement fausse. Il était évidemment impossible d'installer 4 mitrailleuses dans le clocher et les Américains qui contrôlaient le centre de Vierville, n'ont certainement pas demandé sa destruction. Aucun des Américains qui étaient sur place ne pensait que le clocher abritait des Allemands

Quant à savoir si tous les coups ont été au but, il est certain que l'église a reçu de nombreux obus (sauf le choeur, elle était entièrement détruite, le clocher abattu sur la nef). Le presbytère voisin a reçu plusieurs obus dans son toit, et la maison des Collières, 100m en avant, a aussi été détruite.

Du côté des Viervillais on a conservé les souvenirs de Jeanne Coliboeuf, rapportés par Michel Hardelay: "Jeanne entendit le tintement des cloches lorsqu'elles tombèrent avec la flèche du clocher et dit à son mari (Louis Coliboeuf était garde-champêtre, chargé de sonner les cloches) : "Tu n'auras pas à sonner l'Angélus et probablement ceux à venir pendant longtemps".


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1945


(16) 1953, clocher reconstruit avant le reste de l'église


Le destroyer USS "Harding" devant Vierville le 6 juin.


De gauche à droite, on voit la maison des Collière détruite, le presbytère dont le toit est crevé, et le clocher détruit; (1945)


L'église en 1945


vers 1950

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L'église avant la guerre


1945 - Le presbytère vu du haut de la colonne d'escalier du clocher.


vers 1950

Michel Hardelay raconte ce qui s'est passé quelques jours après, le 9 juin:

"Peu après la fin de notre déjeuner nous entendîmes le bom-bom proche d'une mitrailleuse lourde. J'enfourchai ma bicyclette et partis voir ce qui se passait.

Le fossoyeur était en train de creuser une tombe pour le mari de la postière (tué le 7 juin dans le bombardement du carrefour par les Allemands) que l'on devait ramener en fin d'après-midi lorsqu'une balle siffla à ses oreilles et vînt s'écraser sur le fond de la tombe presque terminée. D'après l'impact le coup ne pouvait provenir que du haut de l'escalier du clocher. Le père Hélène, qui ne voulait pas que cette tombe soit la sienne, sortit du trou d'un bond et prévint les Américains.

Ceux-ci envoyèrent un half-track sur place, et celui-ci tira (à la mitrailleuse lourde 12,7mm) à travers les fines meurtrières éclairant l'escalier. On m'assura qu'ensuite un noir était monté dans la tour ...et avait tué ou achevé l'Allemand qui devait être là depuis mercredi soir (le 7 juin), étant venu avec la contre-attaque ennemie et étant chargé de renseigner les siens sur les mouvements des unités U.S. Mais ce n'était pas le dernier Allemand de caché dans la commune. En effet le 6 juillet un Allemand las d'attendre le retour des siens et aussi ayant fini les provisions amassées dans sa cache sortait de celle-ci, située dans l'actuel terrain de camping et se rendait à un noir préposé à la manutention d'un ballon."


En septembre 1944, la messe était célébrée dans l'église déblayée sommairement. Seul l'autel était abrité sous la voute du choeur. Les fidèles, beaucoup de GIs, étaient rassemblés dans la nef à ciel ouvert.


1953, janvier, le clocher en chantier, neige




vers 1953/55 - le clocher est reconstruit, l'église provisoire est toujours en place


Plans pour la reconstruction




ci dessous le 19 novembre 1953, le clocher est reconstruit, mais la nef est toujours sans toiture

L'église a été reconstruite au début des années 50, à l'identique pour le clocher qui seul était classé.

Pendant les travaux


Chantier du clocher vers 1952


vers 1950

 


La remise en place du coq sur le clocher marque en 1953 la fin de la reconstruction.

 

 

 

 

 

 

 

Témoignage de Jeanne Le Large, qui, début 2016, se souvient très bien de la reconstruction de l'église et des circonstances de sa remise en service:

"Je suis arrivée à Vierville en avril 1956, j'ai connu les messes dans la chapelle en bois pendant 2 ans et la remise en service de l'église à partir de la Communion Solennelle en mai 1958 (communion de Louis Laronche, Colette Dumont, Marie-France Skrzyniarz............ parmi d'autres). Notre curé, l'Abbé Chemin, était décédé début février 58. L'inhumation avait eu lieu exceptionellement dans l'église car manquait encore tout le mobilier.
En juin 1957 (nous étions toujours dans la chapelle en bois), pour la "Fête-Dieu", l'Abbé Chemin demanda qu'on installe un reposoir dans l'église. Madame Hardelay et son équipe de dames fleurirent abondamment le choeur de l'église (voir la photo ci-dessous). Jean-Paul Hausermann, assisté de Monique Campserveux et de Jeanne Le Large, se chargea du tapis de fleurs dans la nef et le transept (bonheur du curé, portant le Saint-Sacrement, de fouler avec précaution ce joli travail ..............) et de dire après "Ce sont mes 3 jeunes qui ont fait cela !" .

Pendant les travaux de la nef



Le cimetière à l'Est, pendant les travaux





1960, après reconstruction



Déblaiement de la nef


Le cimetière au Sud pendant les travaux


juin 1957



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