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Le Château de Vierville

 


(détails)  Vue d'ensemble, à droite on remarque le pigeonnier

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Photos 3


Résumé de l'histoire du château de Vierville


Le château actuel est une vaste construction datant de la fin du 17ème siècle. Au dessus d'un rez-de-chaussée et d'un étage, se place un grand comble mansardé avec des lucarnes rampantes, qui ont reçu, à la fin du 19ème siècle et sur la façade principale seulement, des frontons triangulaires. Une tourelle d'angle marque depuis le 19ème siècle l'aile Est. Des marquises de la même époque surmontent les portes principales au Nord et au Sud.
En 1944, le château a été marqué par la Guerre, qui en a fait disparaître quelques éléments.

Largement remanié, ce bâtiment reste cependant caractéristique des châteaux que l'on trouve en nombre dans le Bessin.

Il a été édifié sur l'emplacement d'une ancienne demeure fortifiée qui aurait été démantelée lors de la guerre de Cent Ans.


(détails) Le mur d'enceinte ancien, qui subsiste, va de la haute tourelle détruite le 6 juin 44 à la tour basse à côté de la route. Au milieu, un petit réduit percé d'archères de défense.



(détails) Ci dessus, le château en 1840
(gravure dans le livre d'Arcisse de Caumont)
L'aile Est était alors plus étendue. Peut-être a-t-elle brûlé, puis fait place à la tourelle d'angle actuelle.


La tourelle ancienne
(détails)

(détails)Une originale tourelle ancienne, détruite en 1944
Selon une tradition, cette tourelle aurait servi de cachette au confesseur de Louis XVI, l'abbé Edgeworth, en 1796. Celui-ci, connu à Vierville sous le nom de Monsieur Charles, disposait également d'autres cachettes au Manoir de Than, au Manoir de l'Ormel, à Bayeux (où il était connu sous le nom de Monsieur Henry), et au Prieuré de Cintheaux, où la famille Dan de la Vauterie, bien que protestante, prit le risque de cacher un prêtre.


(détails)
 Le château, la tourelle ancienne à gauche et l'église (photo de 1924)
L a tourelle d'angle avec son toit en poivrière a été bâtie au 19ème siècle


Vue d'ensemble du château et
de ses grilles disparues aujourd'hui
(détails)

Sur la photo ci-dessus, on aperçoit l'ancienne grille disparue en 1944.
Sur un des piliers de la nouvelle entrée, une plaque de bronze rappelle aux passants que le château de Vierville fut le Quartier Général du 11ème Port, nom donné au port artificiel construit devant Omaha Beach après le Débarquement. Ce QG a géré les opérations de déchargement des navires du 11 juin au 21 juillet 1944


L'intérieur du vieux pigeonnier

Il conserve tous ses boulins, alvéoles où nichaient les pigeons. Il y en aurait au moins 365, chiffre proportionnel à la surface exploitée dans le domaine, probablement très importante. Ces pigeonniers comportaient à l'intérieur un escalier tournant en hélice (cf le pigeonnier du manoir d'Argouges près de Bayeux). Cet escalier permettait de nettoyer les boulins et de récolter les oeufs et les pigeonneaux. Un croisillon en bois maintenait le sommet de l'axe en bois. Une grosse pierre supportait l'axe à la base.

 

 

 


Le cadastre du château en 1823

Château de Vierville
(cadastre 1823)
Le château vu par le 1er cadastre en 1823

 

 

 


Face Nord, avant guerre,
avec des lucarnes à frontons
(détails)

Face Sud,
avec ses lucarnes rampantes d'origine
(détails)

(détails) Face Nord, après guerre,
il y manque une lucarne détruite le 6 juin 44

A droite de la tourelle d'angle, on remarque sur la façade de l'aile en retour, un grand blason avec une couronne comtale. L'écu porte les armes des Goussancourt "d'hermine au chef de gueules" et les armes des Marguerit de Rochefort "d'or à trois roses de gueules"'. En dessous de ces armoiries, se trouve une porte basse surmontée d'un motif fleurdelysé. 


Les armoiries des Goussencourt, inscrites sur l'aile Est vers 1880

Description détaillée

            La cour du château est occupée par une pelouse et des massifs plantés séparés de la route par une clôture. Cet aspect résulte de modifications successives, car autrefois le château était probablement composé de corps de logis formant quadrilatère et entourant une cour centrale. Au 19ème siècle, la vieille horloge du château fut placée quelque temps à l'église paroissiale, puis disparut.

               Le mur d'enceinte primitif se voit encore à l'Est et portait à quelque distance du bâtiment une tourelle à toit conique extrêmement allongé (ce toit, très original, a été détruit le 6 juin 44 et n'a pas été reconstruit). Selon la tradition, cette tourelle aurait servi de cachette au Confesseur de Louis XVI, l'abbé Edgeworth, en 1796. Celui-ci, connu à Vierville sous le nom de Monsieur Charles, disposait également d'autres cachettes au Manoir de Thaon, au Manoir de l'Ormel, à Bayeux, où il était connu sous le nom de Monsieur Henry, et au Prieuré de Cintheaux, où la famille Dan de la Vauterie, bien que protestante prit le risque de cacher un prêtre.

              Ce mur d'enceinte se prolonge vers le Nord, s'appuie sur une sorte de réduit de guet ou de défense dont les murs n'ont d'autre ouverture que 2 meurtrières de forme particulière -des "archères"- , et sur les restes d'une tour ronde dont on ne voit plus que les assises inférieures près de la route.

              Le château actuel est une vaste construction composée d'un rez-de-chaussée, d'un étage et d'un vaste comble mansardé comportant des lucarnes rampantes, qui ont reçu à la fin du 19ème siècle et sur la façade principale seulement, des frontons triangulaires.

             Cette façade, percée de six ouvertures par niveau, est flanquée de deux ailes inégales; celle de droite, très réduite, ne fait qu'une faible avancée sur la façade; celle de gauche, plus importante, forme un second corps de bâtiment, se continuant en façade vers l'arrière du château. 2 portes se faisant face ouvrent sur les façades Nord et Sud et sont protégées par des marquises en verre.

             L'aile Est est flanquée au Nord-Est d'une tourelle d'angle basse, coiffée d'un toit en poivrière, qui a été construite à la fin du 19ème siècle. Elle ne figure pas sur le dessin publié par Arcisse de Caumont en 1857 dans sa "Statistique monumentale du Calvados". Ce dessin montre à la place une aile Est beaucoup plus longue qui a pu être accidentellement incendiée puis remplacée par la tourelle d'angle. Endommagée lors des opérations d'Omaha Beach, cette tourelle a été restaurée après la Libération.

             A droite de cette tourelle, on remarque sur la façade de l'aile en retour, un grand blason timbré d'une couronne comtale. L'écu, écartelé, porte "aux 1 et 4", les armes des Goussancourt "d'hermine au chef de gueules", "aux 2 et 3", les armes des Marguerit de Rochefort "d'or à trois roses de gueules"'. En dessous de ces armoiries, se trouve une porte basse surmontée d'un élégant motif fleurdelysé.

             Il est vraisemblable que toutes ces additions (frontons des lucarnes, tour d'angle, armoiries, motif fleurdelysé, marquises, clocheton) datent de la période 1879-1882, pendant laquelle le château de Vierville fut la propriété du Comte de Goussancourt et de la Comtesse née de Marguerit de Rochefort.

             Devant le château s'étend une vaste pelouse; l'ancienne grille de clôture et l'ancien portail ont été détruits lors du débarquement. Sur un des piliers de la nouvelle entrée, une plaque de bronze rappelle aux passants que le château de Vierville fut le Quartier Général du 11ème Port américain : "pendant l'invasion, 8 juin - 21 juillet 1944".

             Le domaine entouré de murs contient près de huit hectares et s'étend à l'herbage du Brixard à l'Est et au Fossé-Gras à l'Ouest.

Résumé des notes historiques sur les anciens propriétaires successifs du château de Vierville

Pour voir les notes historiques détaillées sur le château

Pour voir le tableau généalogique

Le château a été entre les mains des seigneurs de Vierville de ses origines à 1523

Au cours de la Guerre de Cent Ans, les Vierville ont été dépossédés de leur fief à 2 reprises par les Anglais et provisoirement, pour avoir été fidèles au Roi de France. La victoire de Formigny (en 1450) a fait rendre leurs terres aux Vierville, mais leur château avait beaucoup souffert. Il subsistait alors seulement la très élégante tourelle (détruite en 1944) dont on aperçoit la base près du château actuel, quelques éléments du mur d'enceinte Est, et peut-être le pigeonnier situé dans la cour de ferme du château.

Marie de Vierville a vendu le fief aux Bailleul en 1523, tout en gardant semble-t-il ses fiefs de la Manche (à Vierville, situé dans les terres près de Carentan dans le Cotentin). On retrouve trace des Vierville aux 16ème et 17ème siècles, mais ils ne possédaient plus rien à Vierville-sur-la-Mer dans le Bessin.

Ensuite plusieurs familles se sont succédées par héritages, mariages et parfois ventes:

D'abord les Bailleul, de 1523 à 1569, date du décès du dernier seigneur et curé de Vierville, Guillaume de Bailleul. C'est sa nièce Françoise de Bailleul, épouse de Guillaume Canivet qui en a hérité, le domaine devenant celui des Canivet.

Les Canivet ont gardé le domaine à leur nom de 1569 jusqu'en 1670. Les Canivet étaient nombreux dans le Bessin.
Gilles Canivet Le Jeune, seigneur de Vierville et de L'Ormel, et vivant à L'Ormel, vers la fin du 17ème siècle, a fait alors reconstruire le château sous sa forme générale actuelle.
En 1670, sa fille Marie-Thérèse Canivet l'a apporté à son mari Gilles de Marguerye, seigneur de Colleville. Ce sont eux probablement qui l'ont habité effectivement en premier. Un texte notarié de 1693 prouve que Marie-Thérèse y résidait.
Ils ont laissé le château à leur fils Gilles-Armand de Marguerye (dont la pierre tombale de 1738 est visible au cimetière de Vierville)

(Marie-Thérèse Canivet devenue veuve, s'est remarié avec Guillaume Canivet, le Seigneur du Vaumisset - le manoir du Vaumicel actuel - , et qui était un cousin éloigné)

Les Marguerye se sont succédés sur le domaine de Vierville de 1670 à 1809, puis de 1829 à 1836.
Notamment le fils de Gilles-Armand, Gilles-Edouard de Marguerye, 1709+1802, qui s'est marié en 1741 à l'héritière du Vaumisset, et qui a vécu au château pendant toute la période révolutionnaire.

Un de ses fils a eu un destin tragique: Edouard-Marie de Marguerye, s'était marié à une noble Ecossaise, Anna-Bella Drummond de Melfort, dame d'honneur de Mme Elizabeth, soeur de Louis XVI. Devenu Colonel de la Garde Royale, Edouard-Marie de Margerie était près du Roi le 10 août 1792 et l'a défendu contre les émeutiers. M. et Mme de Marguerie ont dû émigrer, mais revenu voir ses enfants confiés à leur grand-père, châtelain de Vierville, le colonel a été averti de son arrestation imminente, dans sa résidence d'Agy. Il a tardé à fuir, voulant revoir ses enfants. Arrêté, condamné le 12 prairial an II (2 juin 1794), il a été guillotiné aussitôt à Paris, place de la Révolution.

Des deux enfants orphelins, l'aînée Anne-Marie, devenue Comtesse de Hautefeuille, a eu un destin extraordinaire : écrivain, poête, et militante pour le divorce et contre la peine de mort, etc..., s'inspirant souvent de Vierville dans ses oeuvres poêtiques, et ayant résidé longtemps à Vierville et en Normandie.

Son fils, Edouard-Marie-Alfred de Marguerye a hérité du château de Vierville à la mort de son grand-père en 1802 (partage de 1805). Il est mort en 1809, et le château de Vierville, a été vendu à Mme de Marguerit de Rochefort, qui possédait le Manoir de Than, voisin du château et reconstruit à partir de 1791.

Le château de Vierville passait donc entre les mains des Marguerit de Rochefort, mais seulement provisoirement car la fille de Madame de Rochefort, Marie-Félicité-Constance-Aimée, s'était mariée en 1798 avec un cousin de la famille de Marguerye: Jacques-Henri de Marguerye. Et en 1829 celui-ci se retrouvait propriétaire du château par son épouse.

Leur fille Jenny de Marguerye, mariée à Adrien de Lépesse, a hérité du château en 1836.

Adrien de Lépesse, s'est fixé à Vierville où il a été à deux reprises porté au conseil municipal. Il est mort en 1858. Son fils Henri de Lépesse était à cette date maire de Vierville. Il a acheté le Vaumicel en 1859. Henri de Lépesse, déja héritier de Vierville, se rattachait par sa femme aux anciens seigneurs du Vaumicel et de Vierville.

En 1879, après la mort de Henri de Lépesse, le château a été acheté par le comte de Goussancourt, époux de Marie-Noëmi de Marguerit de Rochefort (dont la grand-mère en avait déjà fait l'acquisition en 1809), propriétaire du manoir de Than. Le château est venu alors pour la seconde fois dans la famille de Marguerit de Rochefort, et Vierville était à nouveau réuni à Than pour quelques années (de 1879 à 1882).

Ce sont probablement les Goussancourt qui ont modifié le château: construction de la tour d'angle à la place d'une portion d'aile disparue, modification des lucarnes de la façade Nord, marquises, clocheton, etc.. et qui ont fait réaliser le blason qui se trouve sur l'aile Nord-Est.

En 1882, le comte de Goussencourt en a cédé la propriété à M. Lefrançois, fils d'un avocat de Bayeux et ingénieur des mines de Littry, puis des chemins de fer du Nord de l'Espagne et du Portugal et aussi arrière-grand-père d'Olivier Godard, actuel résident à Vierville sur Mer.
Monsieur Lefrançois est en particulier à l'origine des travaux de terrassement dans le champ face au château, travaux qui ont beaucoup amélioré la vue vers la mer. Voir à ce sujet le plan topographique de la proriété en 1882, avant ces travaux.

Après sa mort, Mme Lefrançois a dû vendre en 1906 sa propriété et les précieuses collections d'objets d'art, de meubles et de tapisseries que son mari avait rassemblées dans le château de Vierville (il y reste cependant de très beaux panneaux d'azulejos).

En 1906-1910, deux propriétaires successifs, étrangers au pays, n'y ont vu qu'un objet de spéculation, et la propriété a été rachetée en 1910 par Eugène Hausermann, dont les descendants y habitent actuellement.

En 1944, la propriété a subi les vicissitudes de l'occupation et du Débarquement, voir le récit de ces évènements et du combat dans le petit bois derrière le château, qui a conduit Jean-Paul Hausermann à écrire un poême à ce sujet

          

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