641 Le Château de Vierville
Résumé de l'histoire du château de Vierville
Le
château actuel est une vaste construction datant de la fin du 17ème
siècle. Au dessus d'un rez-de-chaussée et d'un étage, se place un grand
comble mansardé avec des lucarnes rampantes, qui ont reçu, à la fin du 19ème siècle
et sur la façade principale seulement, des frontons triangulaires. Une
tourelle d'angle marque depuis le 19ème siècle l'aile Est. Des marquises
de la même époque surmontent les portes principales au Nord et au
Sud.
Description détaillée La cour du château est occupée par une pelouse et des massifs plantés séparés de la route par une clôture. Cet aspect résulte de modifications successives, car autrefois le château était probablement composé de corps de logis formant quadrilatère et entourant une cour centrale. Au 19ème siècle, la vieille horloge du château fut placée quelque temps à l'église paroissiale, puis disparut. Le mur d'enceinte primitif se voit encore à l'Est et portait à quelque distance du bâtiment une tourelle à toit conique extrêmement allongé (ce toit, très original, a été détruit le 6 juin 44 et n'a pas été reconstruit). Selon la tradition, cette tourelle aurait servi de cachette au Confesseur de Louis XVI, l'abbé Edgeworth, en 1796. Celui-ci, connu à Vierville sous le nom de Monsieur Charles, disposait également d'autres cachettes au Manoir de Thaon, au Manoir de l'Ormel, à Bayeux, où il était connu sous le nom de Monsieur Henry, et au Prieuré de Cintheaux, où la famille Dan de la Vauterie, bien que protestante prit le risque de cacher un prêtre. Ce mur d'enceinte se prolonge vers le Nord, s'appuie sur une sorte de réduit de guet ou de défense dont les murs n'ont d'autre ouverture que 2 meurtrières de forme particulière -des "archères"- , et sur les restes d'une tour ronde dont on ne voit plus que les assises inférieures près de la route. Le château actuel est une vaste construction composée d'un rez-de-chaussée, d'un étage et d'un vaste comble mansardé comportant des lucarnes rampantes, qui ont reçu à la fin du 19ème siècle et sur la façade principale seulement, des frontons triangulaires. Cette façade, percée de six ouvertures par niveau, est flanquée de deux ailes inégales; celle de droite, très réduite, ne fait qu'une faible avancée sur la façade; celle de gauche, plus importante, forme un second corps de bâtiment, se continuant en façade vers l'arrière du château. 2 portes se faisant face ouvrent sur les façades Nord et Sud et sont protégées par des marquises en verre. L'aile Est est flanquée au Nord-Est d'une tourelle d'angle basse, coiffée d'un toit en poivrière, qui a été construite à la fin du 19ème siècle. Elle ne figure pas sur le dessin publié par Arcisse de Caumont en 1857 dans sa "Statistique monumentale du Calvados". Ce dessin montre à la place une aile Est beaucoup plus longue qui a pu être accidentellement incendiée puis remplacée par la tourelle d'angle. Endommagée lors des opérations d'Omaha Beach, cette tourelle a été restaurée après la Libération. A droite de cette tourelle, on remarque sur la façade de l'aile en retour, un grand blason timbré d'une couronne comtale. L'écu, écartelé, porte "aux 1 et 4", les armes des Goussancourt "d'hermine au chef de gueules", "aux 2 et 3", les armes des Marguerit de Rochefort "d'or à trois roses de gueules"'. En dessous de ces armoiries, se trouve une porte basse surmontée d'un élégant motif fleurdelysé. Il est vraisemblable que toutes ces additions (frontons des lucarnes, tour d'angle, armoiries, motif fleurdelysé, marquises, clocheton) datent de la période 1879-1882, pendant laquelle le château de Vierville fut la propriété du Comte de Goussancourt et de la Comtesse née de Marguerit de Rochefort. Devant le château s'étend une vaste pelouse; l'ancienne grille de clôture et l'ancien portail ont été détruits lors du débarquement. Sur un des piliers de la nouvelle entrée, une plaque de bronze rappelle aux passants que le château de Vierville fut le Quartier Général du 11ème Port américain : "pendant l'invasion, 8 juin - 21 juillet 1944". Le domaine entouré de murs contient près de huit hectares et s'étend à l'herbage du Brixard à l'Est et au Fossé-Gras à l'Ouest. Résumé
des notes historiques sur les anciens propriétaires successifs du château
de Vierville Pour voir le tableau généalogique Le château a été entre les mains des seigneurs de Vierville de ses origines à 1523 Au cours de la Guerre de Cent Ans, les Vierville ont été dépossédés de leur fief à 2 reprises par les Anglais et provisoirement, pour avoir été fidèles au Roi de France. La victoire de Formigny (en 1450) a fait rendre leurs terres aux Vierville, mais leur château avait beaucoup souffert. Il subsistait alors seulement la très élégante tourelle (détruite en 1944) dont on aperçoit la base près du château actuel, quelques éléments du mur d'enceinte Est, et peut-être le pigeonnier situé dans la cour de ferme du château. Marie
de Vierville a vendu le fief aux Bailleul en 1523, tout en gardant semble-t-il
ses fiefs de la Manche (à Vierville, situé dans les terres près
de Carentan dans le Cotentin). On retrouve trace des Vierville aux 16ème
et 17ème siècles, mais ils ne possédaient plus rien à
Vierville-sur-la-Mer dans le Bessin. Ensuite plusieurs familles se sont succédées par héritages, mariages et parfois ventes: D'abord les Bailleul, de 1523 à 1569, date du décès du dernier seigneur et curé de Vierville, Guillaume de Bailleul. C'est sa nièce Françoise de Bailleul, épouse de Guillaume Canivet qui en a hérité, le domaine devenant celui des Canivet. Les
Canivet ont gardé le domaine à leur nom de 1569 jusqu'en 1670.
Les Canivet étaient nombreux dans le Bessin. (Marie-Thérèse Canivet devenue veuve, s'est remarié avec Guillaume Canivet, le Seigneur du Vaumisset - le manoir du Vaumicel actuel - , et qui était un cousin éloigné) Les Marguerye
se sont succédés sur le domaine de Vierville de 1670 à 1809,
puis de 1829 à 1836. Un de ses
fils a eu un destin tragique: Edouard-Marie de Marguerye, s'était
marié à une noble Ecossaise, Anna-Bella Drummond de Melfort, dame d'honneur de
Mme Elizabeth, soeur de Louis XVI. Devenu Colonel de la Garde Royale, Edouard-Marie
de Margerie était près du Roi le 10 août 1792 et l'a défendu contre les
émeutiers. M. et Mme de Marguerie ont dû émigrer, mais revenu voir
ses enfants confiés à leur grand-père, châtelain de Vierville, le colonel a été
averti de son arrestation imminente, dans sa résidence d'Agy. Il a tardé
à fuir, voulant revoir ses enfants. Arrêté, condamné le 12 prairial an
II (2 juin 1794), il a été guillotiné aussitôt à Paris, place
de la Révolution. Son fils, Edouard-Marie-Alfred de Marguerye a hérité du château de Vierville à la mort de son grand-père en 1802 (partage de 1805). Il est mort en 1809, et le château de Vierville, a été vendu à Mme de Marguerit de Rochefort, qui possédait le Manoir de Than, voisin du château et reconstruit à partir de 1791. Le château de Vierville passait donc entre les mains des Marguerit de Rochefort, mais seulement provisoirement car la fille de Madame de Rochefort, Marie-Félicité-Constance-Aimée, s'était mariée en 1798 avec un cousin de la famille de Marguerye: Jacques-Henri de Marguerye. Et en 1829 celui-ci se retrouvait propriétaire du château par son épouse. Leur fille Jenny de Marguerye, mariée à Adrien de Lépesse, a hérité du château en 1836. Adrien de Lépesse, s'est fixé à Vierville où il a été à deux reprises porté au conseil municipal. Il est mort en 1858. Son fils Henri de Lépesse était à cette date maire de Vierville. Il a acheté le Vaumicel en 1859. Henri de Lépesse, déja héritier de Vierville, se rattachait par sa femme aux anciens seigneurs du Vaumicel et de Vierville. En 1879, après la mort de Henri de Lépesse, le château a été acheté par le comte de Goussancourt, époux de Marie-Noëmi de Marguerit de Rochefort (dont la grand-mère en avait déjà fait l'acquisition en 1809), propriétaire du manoir de Than. Le château est venu alors pour la seconde fois dans la famille de Marguerit de Rochefort, et Vierville était à nouveau réuni à Than pour quelques années (de 1879 à 1882). Ce sont probablement les Goussancourt qui ont modifié le château: construction de la tour d'angle à la place d'une portion d'aile disparue, modification des lucarnes de la façade Nord, marquises, clocheton, etc.. et qui ont fait réaliser le blason qui se trouve sur l'aile Nord-Est.
En 1882, le comte de Goussencourt en a cédé
la propriété à M. Lefrançois, fils d'un avocat de Bayeux
et ingénieur des mines de Littry, puis des chemins de fer du Nord de l'Espagne
et du Portugal et aussi arrière-grand-père d'Olivier Godard, actuel
résident à Vierville sur Mer. Après sa mort, Mme Lefrançois a dû vendre en 1906 sa propriété et les précieuses collections d'objets d'art, de meubles et de tapisseries que son mari avait rassemblées dans le château de Vierville (il y reste cependant de très beaux panneaux d'azulejos). En
1906-1910, deux propriétaires successifs, étrangers au pays, n'y
ont vu qu'un objet de spéculation, et la propriété a été rachetée
en 1910 par Eugène Hausermann, dont les descendants
y habitent actuellement.
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