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Combats du 7 juin à Vierville
dans le bois du château

 Les Allemands étaient toujours présents le 7 juin dans le bois du château de Vierville, sans parler des tireurs isolés qui se manifestaient partout. Voici le récit d'une escarmouche dans le chemin ("La Chasse au Frêne") qui sépare le manoir de Than du château de Vierville.

       "Un peloton d'une dizaine d'Américains s'était engagé dans le chemin "La Chasse au Frêne" entre 2 hauts murs, en partant de l'église vers l'Ouest et vers le bois du château. Ils étaient en file indienne. Au bout du chemin, le mur de clôture du bois,  percé d'une meurtrière (là où il y a actuellement une porte dans le mur), barrait la route. Des Allemands étaient derrière, ils attendaient que les Américains se soient bien engagés dans le chemin pour tirer à l'arme automatique. Les Américains ont été surpris, sans possibilité de s'abriter, pas de fossés le long des grands murs du champ du "Bricsart" et du "manoir de Than". Ils ont tous été abattus, sauf le dernier de la file qui a reculé à plat ventre, profitant du fait que le chemin est légèrement en dos d'âne. Dès qu'il bougeait on lui tirait dessus, mais seul son sac à dos a été percé de balles.


Au bout de ce chemin, une meurtrière percée dans le vieux mur.


A droite le "retour" du chemin "Chasse au Frêne"
A gauche, près du poteau, il y avait une porte dans le mur Sud du bois

 

        Plus tard (l'après-midi?) les Américains ont à nouveau tenté de forcer le passage. Ils n'ont pu disposer de chars. Ils ont longé à nouveau le mur du manoir de Than, mais du côté parc du manoir. Ils se sont approché ainsi du bois du château, et sautant par dessus le grand mur qui borde à l'Ouest le parc du manoir, ils sont passé ainsi dans le retour du chemin "Chasse au Frêne". Ensuite ils ont engagé les Allemands qui étaient dans le bois, en passant par dessus le mur du bois, et par la porte qui donnait accès au bois par le Sud. Un combat rapproché à la grenade et au pistolet mitrailleur a conduit à de nouvelles pertes chez les Américains (8?) et à l'anéantissement du groupe de 7 Allemands qui se trouvaient dans le bois."

      Plus tard (le 8 juin?), une habitante du village (Madame Jeanne Coliboeuf) a traversé le bois en venant du château et a vu de nombreux cadavres dans le coin Sud-Est et notamment un Allemand étendu en travers de la porte du fond du bois.

      Plusieurs années plus tard, les arbres de ce coin Sud-Est ont dû être abattus et on a constaté qu'ils étaient particulièrement atteint par des éclats et des balles, beaucoup plus que les autres arbres du bois.

Voici un poème composé par Jean-Paul Hausermann, qui évoque cette bataille:

Dans le petit bois, derrière chez moi,

Le 7 juin 1944 au matin,
À 300 mètres à peine de la plage d'OMAHA BEACH
surnommée "la sanglante" car 3.000 soldats américains y avaient été tués en une demi-heure, en y débarquant la veille,
7 soldats de l'Armée allemande attendaient : Ils avaient reçu l'ordre de défendre...

Ce petit bois, derrière chez moi.

Ce même 7 juin 1944 au matin, 8 soldats de l'Armée américaine, à peine débarqués avaient reçu l'ordre de s'emparer de...

Ce petit bois, derrière chez moi.

La première attaque fut brève :
Aucun des 7 soldats allemands n'a été tué ni même blessé.
Mais des 8 soldats américains un seul ne fut pas tué.
C'est lui qui m'a raconté toute l'histoire de...

Ce petit bois, derrière chez moi.

C'est en début d'après-midi que les soldats américains sont revenus, beaucoup plus nombreux.
La lutte fut acharnée, atroce, effroyable, sans pitié, d'abord à la grenade, au fusil, ensuite à la baïonnette, et enfin au corps-à-corps.
Chacun égala son adversaire en courage et en abnégation.
9 autres soldats américains furent tués et il y eu des blessés.
Les 7 soldats allemands furent tous tués. Aucun ne s'est rendu.
C'est de cette façon que 23 soldats donnèrent leurs vies dans l'accomplissement de leur devoir...

Pour ce petit bois, derrière chez moi.

La plupart de ces 23 jeunes hommes, tant allemands qu'américains avaient à peine 17 et 18 ans.
Ils se sont affrontés quelques instants de leur courte vie pour se réunir dans l'héroïsme anonyme pour l'éternité...

Dans le petit bois, derrière chez moi.

Depuis, parfois, au printemps, quand les jonquilles y fleurissent de leur jaune éclatant comme un soleil dans un ciel bleu, ou comme une âme sereine de soldat dans le paradis des braves, certaines de ces fleurs sauvages ont de petites taches rouges, comme du sang, sans qu'on puisse dire si c'est du sang allemand ou américain, car le sang de tous les soldats à la même couleur et il s'est mélangé ensemble, dans la terre...

Du petit bois, derrière chez moi.

Quand je le traverse, je pense à ces 23 garçons, mais aussi à ces 23 mamans qui n'ont pas vu revenir leur enfant, et aux probables fiancées à qui Dame La Guerre a pris leur Aimé...

Pour un petit bois, derrière chez moi.

Je vous demande, mes frères et mes sœurs, de prier avec moi pour eux tous, pour ces 23 familles unies par le deuil et la peine mais aussi une juste fierté du devoir accompli dans l'honneur par leur fils...

Dans ce petit bois, derrière chez moi.

Je vous y invite, dites que vous venez des U.S.A., d'Allemagne et nous irons ensemble, unis comme les membres d'une même famille chrétienne en paix remercier et prier Dieu...

Dans le petit bois, derrière chez moi.

Jean-Paul HAUSERMANN

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