642 Le château du Vaumicel Son nom a varié légèrement au cours des siècles, il s'est écrit Valmisset en 1551, puis Vaumisset de 1616 à 1808, Vomicel en 1850 et finalement Vaumicel. (extraits et adaptations des Notes Historiques sur le Bessin (1930), de documents de la famille de Bellaigue et de diverses autres sources) ( Voir aussi les 2 albums des anciennes cartes postales du Vaumicel 1 et 2 ) Ce manoir Renaissance, construit au 16ème
siècle, classé Monument Historique en 1927, conserve
une disposition médiévale. "Partant
de Lormel deux chemins conduisent au plus curieux manoir de la région,
le Château du Vaumicel : Parmi les vestiges Viervillais des siècles passés, ce château du Vaumicel est le plus original. Jadis, Arcisse de Caumont avait attiré l'attention sur ce manoir. Il l'avait décrit et figuré dans sa Statistique monumentale du Calvados. Plus tard, M. Ch. Le Goffic lui avait consacré une page intéressante dans la Normandie monumentale et illustrée. Bien que les géographies et les guides un peu complets mentionnent le Vaumicel, il est relativement peu connu à cause de sa situation à l'écart du village de Vierville, au milieu d'herbages encadrés de haies touffues et de rangées d'arbres élevés. Pour le découvrir il faut se perdre dans ces petits chemins vicinaux, qui sont un des charmes du Bessin. Et aujourd'hui, impossible de le montrer aux touristes voyageant en car.
Du cur du
village de Vierville représenté par le carrefour des routes de Port-en-Bessin
à Isigny et de Trévières à la mer, on se dirige vers l'église qu'on contourne,
et on poursuit son chemin jusqu'à la ferme de l'Ormel, au delà de laquelle se
trouve une bifurcation, dont on suit la branche droite: celle-ci, à environ cent
pas de sa naissance reçoit à angle droit un chemin de traverse. C'est l'allée
qui conduit au Vaumicel dont on ne tarde pas à longer la façade. La description du manoir Le manoir
et ses dépendances formaient autrefois un grand rectangle encore facilement reconnaissable.
Le côté Sud était occupé par le corps de logis principal flanqué de deux tours
d'angle rondes. L'une défendait l'entrée comportant une grande porte charretière
et une porte bâtarde, toutes deux cintrées. Aujourd'hui la grande porte a perdu
son arcade. L'autre tour défendait l'issue sur la campagne Le bâtiment principal cantonné de ses
deux tours et de ses deux tourelles est séparé de la route par un
petit jardin clos d'un mur peu élevé.
Les tourelles en encorbellement sont très
bien conservées. Egalement en encorbellement, la tourelle
du Nord Ouest porte trois fenêtres pareillement ornées et flanquées, chacune,
de deux meurtrières allongées. Leur ornementation consiste en un petit fronton
triangulaire à la partie supérieure avec deux supports formant les deux côtés
de l'ouverture. Ces deux supports sont constitués par deux pilastres ioniques
pour deux fenêtres et par des animaux fantastiques, (sorte de serpents) pour la
troisième. Quant au fronton il est orné d'une cartouche indistincte sur deux fenêtres,
et d'une coquille surmontée d'une croix pattée sur la troisième. Cette tour est
revêtue d'un enduit portant différents dessins: quadrillages et entrelacs. La plus intéressante des tours est
celle du Sud Ouest, flanquée d'une tourelle de même hauteur et à toit en pierre.
Celle-ci contient un escalier à vis qui aboutit, à l'étage supérieur, à une petite
plate-forme presque de plain-pied avec le rebord inférieur de trois ouvertures
semi-circulaires: c'était la tour de guet. Les débris de corbeaux que l'on voit
encore indiquent que primitivement chaque ouverture correspondait à un mâchicoulis.
Le lierre a recouvert parfois totalement cette tourelle. L'intérieur
du Manoir a été entièrement remanié et n'offre plus rien de remarquable sauf
une vieille plaque de cheminée portant un écusson: deux chevrons accompagnés de
trois tiercefeuilles, 2 en chef et 1 en pointe. Cet écu est timbré d'un casque
de profil avec ses lambrequins et une colombe comme cimier. A la partie inférieure
une banderole portait une devise maintenant effacée. Les
bâtiments d'exploitation présentent sur la façade méridionale, en bordure
de la route, les vestiges d'une fenêtre trilobée aujourd'hui bouchée. Le mur oriental
est garni de contreforts et porte à son angle Nord une petite tourelle de deux
étages à toit en poivrière. Dans le mur voisin il y avait autrefois une guérite
en pierre (comme au manoir d'Amours à Maisy) détruite du temps des de Lepesse,
ainsi qu'une autre tourelle semblable à la précédente et se trouvant à l'angle
Sud Est., d'après le cadastre de Vierville. Les propriétaires successifs du Vaumicel La
première mention qui est faite du manoir dans les archives municipales de Vierville
est dans un acte de mariage de 1675. Du mariage de Guillaume Canivet avec Françoise-Catherine de Bailleul naquirent 7 fils dont 3 seulement ont semble-t-il vécu et hérité des domaines de leurs parents: 1° Michel Canivet qui a hérité de St-Sever. 2°
Marin Canivet qui a épousé Françoise de
Méhérenc en 1580 et a été le père de Gilles Canivet
marié à Marie Maillard (dame de Léaupartie) et le
grand-père de Gilles II Canivet, écuyer sr. de la Rougefosse, sergent
des Veys, époux de Suzanne du Mesnildot, et de René Canivet, écuyer, sr.
de Leaupartie, sergent des Veys, dont nous reparlerons tout de suite.
3° et enfin Jean 1er Canivet (ou Canyvet) a été
sr. du Vaumissel et du Moley (l'un des fiefs relevant de la seigneurie
du Molay qui a appartenu aux Bacon, puis aux Le Coulteux du Molay.). Il a épousé
en 1574 Madelaine de Hottot (dont la famille possédait le
château de Beaumont) et a été reconnu noble par Roissy en
1599. Il vivait encore en 1616 d'après l'aveu d'une terre "sise à Asnières jouxte
Jean Le Blois sr. de la Chapelle et Jean de Canivet sr. du Vaumisset" fait à Jean
Thomas, écuyer, sr. de Benesville. Il a écrit un mémorial "des choses qu'il voyait ou entendait dans la région".
Jean Canivet a pu réparer le Vaumissel "brûley par les ligueurs" et laisser un bel héritage à son fils Gilles 1er, né en 1578, trois ans après sa sur, Catherine, et cinq ans avant la mort de leur mère, Catherine de Hotot. Gilles 1er dit l'aîné, sr. du Molley et du Vaumisset. Maintenu noble en 1599, Gilles a dérogé et a été relevé par lettres données à St-Germain le 14 Octobre 1625 et enregistrées le 9 Décembre. Il a épousé en 1621 Marie de Faoucq-Jucoville, fille de Jacques 1er du prénom et d'Olive de la Luzerne. Ils ont eu une fille et cinq fils dont Jean II Canivet (1625-1679) et Jacques, sr. des Londes, l'un et l'autre maintenus (nobles) par Chamillart en 1666. L'épouse de Jacques Canivet, Anne Léonard, de la famille des sieurs de Beaupré, des Isles, de Rampan et de Juvigny, a été inhumée à Louvières, le 27 juin 1680. Jean II Canivet
a été seigneur du Vaumisset après la mort de son père. En avril
1660, il a consenti à vendre son bois du Vaumisset à Gilles du Mesnil, seigneur
de Saint-Paul " onze cent dix livres pour faire bastir une maison en la paroisse
de Cricqueville, dans une pièce de terre appelée les Closets ". (Extrait d'un
manuscrit rédigé par Jacques du Mesnil Saint-Hilaire et conservé à Couterne) Il
avait épousé Robine Philippe qui fit enregistrer en 1698 les armoiries
des Canivet à l'Armorial général de France. Ils ont laissé comme fils,
Guillaume ou Guyon Canivet, (né en 1655), écuyer,
sr. du Molley et du Vaumissel qui a épousé en 1685 sa cousine éloignée
Marie-Thérèse Canivet-Maillard, dame et patronne de Vierville, suzeraine
du fief noble de Louvières-Fontenay et du patronage de la première et grande portion
du bénéfice-cure de Louvières, veuve en premières noces de Gilles de Marguerye.
Marie-Thérèse Canivet-Maillard, veuve de Gilles de Marguerie, a laissé à son fils, Gilles-Armand de Marguerye, le château de Vierville et a partagé les biens des Canivet entre les deux fils du second mariage, mais le Vaumisset est resté apparemment indivis entre les 2 frères:
1°. Isaac-François, écuyer seigneur de Mauminot et du
Mollay qui a fait l'hommage au roi le 11 Mai 1724 et a vendu Mauminot pour 2000
Iivres à Gilles-Armand de Marguerye; Par contrat du jeudi 7 Août 1755 devant Michel Duhamel, notaire royal et héréditaire à Bayeux, les deux frères Canivet ont vendu le Vaumisset et Vacqueville à messire Jean-Nicolas de Pleurre, conseiller honoraire en la Grande Chambre du Parlement de Paris, paroissien de St-Sauveur à Paris. Le Vaumicel était alors affermé à Pierre Chipel et à sa mère; il comprenait entretenant, cour, jardin, maison de maître et de fermier, les jardins Fouquet et Costil, la Maladrerie, le grand Torterois. "En outre, les dits sieurs vendeurs cèdent en toute propriété la chapelle qui leur appartient dans l'église de Vierville pour en jouir après leur décès, pourvu toutefois que la fondation faite par leurs prédécesseurs à cet égard soit exécutée en surplus suivant l'intention des fondateurs ". Les de Pleurre portaient "d'azur ou chevron d'argent accompagné de trois griffons d'or 2 et 1, ceux du chef affrontés". Jean-Nicolas de Pleurre seigneur de Romilly, de la Ferté, etc., avait épousé Marie-Thérèse Gaillard qui l'a rendu père de Marie-Thérèse de Pleurre, mariée en 1741 à Gilles-Edouard de Marguerye, sgr. et patron de Vierville, né en 1709 à Bayeux, de Gilles-Armand sus-nommé et de Jeanne Hélyes de Clinchamps. Gilles-Edouard appartenait à une vieille famille normande qui porte d'azur à 3 marguerites de pré d'argent tigées et feuillées de même et dont La Chesnaie des Bois a donné la généalogie. Il mourut le 9 thermidor an XI (1802) à Bayeux et fut enterré près de son fils Jean-Edouard à Vierville par Mgr Charles Brault, évêque de Bayeux. Gilles-Edouard de Marguerye (1709-1802)
a donc été à la fois seigneur de Vierville et du Vaumisset.
Entre autres enfants il a eu 1°
Jean-Edouard de Marguerye marié à Louise Françoise de Viel de Limas et
mort le 3 Août 1783 ainsi que nous l'apprend son épitaphe, au cimetière de Vierville. 2° Françoise de Marguerye, héritière de l'Ormel, mariée à Joseph-Jacques-Henri Morin de Litteau, sgr. de VaulaviIle et de Litteau, mort au château de Vaulaville le 27 juin 1835 à 86 ans et enterré à Tour où l'on voit son tombeau portant son blason: d'or à 3 fasces de sinople. 3° Edouard-Marie de Marguerye, lieutenant au régiment du Roi-Infanterie, épousa Anna Bella Henriette Drummond de Melfort, portant d'or à 3 fasces ondées de gueules, et aussi quelquefois écartelées au 1er et 4ème de Drummond, aux 2ème et 3ème d'Ecosse. Cette famille était originaire d'Ecosse. Edouard Marie de Marguerye fut l'une des victimes du Tribunal révolutionnaire établi à Paris par de décret de la Convention nationale le 10 Mars 1793, sans aucun recours possible au tribunal de Cassation en vertu d'un autre décret de la dite Convention portant " que l'accusateur public du dit Tribunal est autorisé à faire arrêter, poursuivre et juger sur la dénonciation des autorités constituées ou des citoyens ". Les minutes de ce Tribunal portent qu'il appert par jugement du 12 prairial an Il "Edouard-Marie Marguerie, âgé de 38 ans, ex-noble, major en second dans le 42ème régiment d'infanterie, ex-colonel de la garde constitutionnelle du tyran, né à Bayeux, département du Calvados, résidant à Agy, près Bayeux... (suivent cinq autres noms), avoir été condamnés à la peine de mort; et ordonné que l'exécution dudit jugement aurait lieu sur la place publique de la Révolution de cette ville... Par procès-verbal dressé par Auvray, huissier du tribunal révolutionnaire, appert avoir été constaté que le jugement ci-dessus a été exécuté sur la place publique de la Révolution de cette ville où les ci-dessus nommés ont été mis à mort. Pour extrait conforme, signé " Lécrivain, greffier en chef ". L'infortuné
Edouard Marie de Marguerye laissait deux enfants : Officier
dans les armées de Napoléon, le comte de Hautefeuille était à la tête du 25ème
dragons pendant la campagne de France en 1813. Colonel du 7ème dragons en Espagne
(1823) il commanda la 1ère subdivision de la 14ème division militaire à Caen.
Il fut promu maréchal de camp et officier de la Légion d'honneur, redorant dignement
son antique blason " de gueules à un lévrier passant d'argent colleté du champ,
cloué et bouclé d'or accompagné en chef d'un croissant aussi d'or ".
Au décès de Edouard-Marie-Alfred de Marguerye,
le Vaumicel a été vendu le 4 juillet 1809, à M. Bertauld,
moyennant une rente viagère à servir à sa mère et à sa soeur Mlle de Marguerye,
ancienne religieuse. Mais la rente n'ayant pas été payée, le Vaumicel est revenu
à Anne-Marie-Caroline, comtesse de Hautefeuille par
jugements du tribunal civil de Bayeux (1er avril et 24 juin 1818) et de la cour
d'appel de Caen (1819) (Papiers de Mme de Bughas.). Elle ne l'a pas gardé et l'a revendu le 8 Avril 1820, à Antoine-Pierre Dragon de Gomiecourt qui est mort le 1er Août 1856 au château d'Agy pareillement acquis de Mme de Hautefeuille. Antoine de Gomiecourt avait, de Valentine de Querecque épousée le 24 vendémiaire an XIII (1804) à Oisemont (Oise), cinq enfants : 1°
Marie-Charlotte-Armandine, morte avant son père et laissant de son mariage avec
Charles Dosseur deux enfants : Marie-Henriette-Léonie qui a épousé Charles-Raymond
Le Bègue de Germiny, et Marie-Fernand Dosseur; Palémon-Louis
Dragon de Gomiecourt a épousé Mélanie-Jeanne Véron qui est morte
à Bayeux le 18 Novembre 1875. Il avait, en effet, épousé en juin 1849 Aglaë-Siméonide-Justine Wastelier d'Hailliecourt, fille de Jean-Baptiste-Justin et de Louise-Nathalie (ou Léonie??) Couliboeuf de Blocqueville (Les Couliboeuf blasonnaient d'azur à la tête de bœuf d'or.). Celle-ci était fille de Aglaë-Marie-Thérèse Morin de Litteau, elle-même fille de Françoise de Marguerye mentionnée plus haut. Henri-Charles Sorin de Lépesse était fils d'Adrien-Bon-Charles-Casimir Sorin de Lépesse, capitaine d'infanterie, chevalier de la Légion d'honneur, et de Jenny de Marguerye, héritière de Vierville.
Le petit-fils de l'infortuné Pierre Sorin de Lépesse, Henri-Charles, acheteur du Vaumicel, a été maire de Vierville; il est mort au Vaumicel le 14 juillet 1876, ayant eu 3 fils : 1°
Guy-Charles-Léon-Marie, décédé à Bayeux âgé de 14 ans, le 23 avril 1864, La veuve d'Henri-Charles Sorin de Lépesse a vendu d'une part Vierville aux Marguerit de Rochefort-Goussancourt (du manoir de Than) et d'autre parta vendu le Vaumicel, devant M° Salles, notaire à Trévières le 21 avril 1879, à Eugène Solange qui mourut en 1893. Son fils, Eugène-Georges Solange, devenu propriétaire du Vaumicel l'a vendu le 16 octobre 1903 au vicomte Marie-Victor-Eugène-François de Bellaigue de Bughas, né à Paris le 25 juillet 1882, Celui-ci était fils de Symphorien, comte de Bellaigue de Bughas, chevalier de la Légion d'honneur et de Louise du Bois de Beauchesne, petit-fils de Pierre-Gabriel-Augustin et de Mélanie Bérard de Chazelles. Les de Bellaigue portent : d'or ait chef d'azur chargé de 3 étoiles d'argent à la rivière aussi d'azur posée en pointe. Devise : Deoque Regique fides. Le vicomte
François de Bellaigue de Bughas a eu de son mariage avec Léontine Magdelaine
Neustadt quatre enfants tous nés au Vaumicel:
La translation du corps du lieutenant François de Bellaigue de Bughas et son inhumation dans le cimetière de Vierville-sur-Mer a eu lieu le 6 janvier 1921. Ce fut pour la population l'occasion de reconnaître sa valeur et son sacrifice à la Patrie et de rendre à sa mémoire le plus juste hommage dont on trouva l'expression élevée dans les discours que prononcèrent M. l'abbé Robert, curé de Vierville et M. Théophile Anger, maire. Qu'il nous soit permis de reproduire ces lignes des Pages amies de Trévières publiant le discours de M. le curé... Le lieutenant de Bughas, du fond de sa tombe " vous convie à élever vos esprits et vos cœurs au-dessus des biens et des jouissances éphémères de la vie présente, à vous souvenir que le bonheur des individus comme la prospérité des nations, réside moins dans la poursuite de l'or et de l'argent que dans Ia transcendante beauté du devoir appuyé sur un idéal élevé, éclairé par le flambeau de la foi chrétienne et soutenu, s'il est nécessaire, jusqu'au suprême sacrifice... " C'est le dernier fils, François de Bellaigue, né en 1915, qui a assuré la succession sur l'exploitation agricole en 1943. Il était marié depuis 1940 avec Denise Perrée et il a été maire de Vierville. A
la mort de François de Bellaigue en 1979, la propriété familiale
est restée dans l'indivision entre Madame de Bellaigue et ses 6 enfants.
En 1992, une solution familiale a permis de conserver la propriété
dans la famille.
|