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Le boulevard de Cauvigny et la plage

 

Le 1er cadastre de Vierville, réalisé en 1823, avait partagé la commune en 4 secteurs:

A au Sud-Est, Vue détaillée du quart SE (section A)
B au Sud-Ouest, Vue détaillée du quart SO (sectionB)
C au Nord-Ouest, Vue détaillée du quart NO (section C)
et D au Nord-Est. Vue détaillée du quart NE (section D)

Les routes Port-en-Bessin / Grandcamp et la descente à la mer - route de Formigny délimitaient ces quatre sections de superficies très inégales.
La Commune possédait des terrains communaux dans chacune des 4 sections, au Sud, les "vignets" et au nord, les falaises y compris les parties basses à leur pied, jusqu'à la grève.
En 1846, la commune a décidé de répartir ces communaux, d'une part les Vignets, d'autre part les falaises, entre les 85 familles - on disait feux à l'époque - de la commune, par tirage au sort.

 


La plage et les falaises sur le cadastre 1823

A l'Ouest de la descente à la mer il y avait un moulin en ruines et un bief (canal d'amenée d'eau) qui reçurent les N° D1 à D6, sur la section C. Les falaises avaient une superficie d'un peu plus de un hectare et furent divisées en trois (?) lots. 

A l'Est de la descente, le plus gros morceau, de 29,5 hectares a été divisé en 82 lots égaux de 36 ares 02. Tous les lots portaient la mention cadastrale D7p, et étaient classés "landes".
Leurs limites, toutes perpendiculaires au rivage s'arrêtaient au Nord à la grève, limite représentée sur le premier plan de partage, par une ligne droite, et au Sud, au chemin des Douanes en crête de falaise. 

Bien entendu la largeur des lots était variable puisque la surface de chaque lot était la même. Près de la descente à la mer le lot N° 6 avait une largeur de près de 45 m., vers chez M. Hardelay, elle était de moitié: 22,25 m., plus à l'Est elle n'était que de 13 ou 14 m. 

Côté Est, il y avait un chemin de 5 mètres, mitoyen avec la commune de Saint-Laurent, sensiblement perpendiculaire au rivage, et qui tournait à angle droit vers l'Est à environ 80 mètres, et servait encore de limites aux communes sur 50 ou 60 m. Les lots numérotés 84 et 85 n'avaient donc pas d'accès direct à la mer et le lot 83 était de forme compliquée.

Ce découpage a permis quelques dizaines d'années plus tard la vente de certains lots et la construction des premières villas de la plage. Les citadins ont ainsi amorcé le développement du tourisme dans la commune.

LA SOURCE DES ROUTOIRS

A mi-chemin de Saint-Laurent, il y avait une source dans la falaise, la source des "Routoirs". Le chemin qui menait à cette source avait été conservé entre deux lots.

Cette source servait pour faire "rouir" le lin. A cette époque, les habitants vivaient beaucoup en circuit fermé et tout devait être produit sur place sauf les métaux. Comme fibres de tissage, on cultivait le lin - le chemin qui contourne la propriété de Mme Jacquet (aujourd'hui Mr. Dordain) s'appelle " Chemin de la LINIERE ".

Deux chemins conduisaient à cette source, l'un à partir de la route du Hamel au Prêtre, devant l'actuelle propriété de Jean Olard et, à travers les " 4 sillons ", rejoignait le chemin de la Douane (sentier en crête de falaise), et l'autre par le bas, en passant par la plage ou sur la crête des galets.

LES DOUANIERS A VIERVILLE

Avant 1920, des douaniers résidaient dans une petite caserne à Saint-Laurent, au dessus du Ruquet (c'est maintenant une résidence secondaire). Ils avaient pour mission de surveiller la côte et rechercher des éventuels contrebandiers.

Un petit abri de douanier qui subsistait en haut de la falaise de Vierville n'a pas été reconstruit, il n'y a plus de douanier résident devant la plage aujourd'hui appelée Omaha Beach. (Une petite caserne de douanier existait à Saint-Laurent,


détails


(détails) Les douaniers

(détails) 





détails (30 juin 43), au dessus d'un groupe de maisons, on aperçoit ce qui était peut-être un abri de douaniers, près de la crête de falaise, entre Vierville et St-Laurent, aux 2/3.


Sous la crête de falaise, un ancien petit abri de douaniers?.

Le site au pied des falaises était marécageux et les possesseurs de presses à cidre y venaient en août et septembre pour y couper des roseaux de quatre pieds pour placer entre les lits de pommes coupées déposées sur les pressoirs.

Les toutes premières villas furent construites vers la fin du 2ème Empire (Napoléon III s'était intéressé au Bessin et avait envisagé de "villégiaturer" à Grandcamp), mais la route de bord de mer ne vit le jour qu'en 1900, subventionnée par le département, (il s'agissait de la RD 30), sous l'impulsion du maire Etienne de Cauvigny (propriétaire du domaine de Saint-Sever). Cette route a été nommée "Boulevard de Cauvigny"

Le terrain pour la route avait été donné par les propriétaires, les protections en bois contre la mer furent construites sous la direction de l'agent voyer mais payés par les propriétaires des lots. Ceux-ci faisaient leur affaire de l'écoulement en mer des eaux de leurs sources. Comme il y avait le long du rivage une rangée de galets de plusieurs mètres, des buses sous la route suffisaient.

    

LA DIGUE DE PROTECTION DE LA ROUTE

(voir aussi la page 45, géologie de la côte )

En 1936, la route de bord de mer a été protégée sur ses premiers 600m. par la digue en maçonnerie actuelle, fondée sur pieux, jusque devant la villa Les Hortensias (Hardelay).

Pendant les années de guerre, il a été impossible de s'occuper de la protection de la route côtière contre la mer. L'occupation de l'Armée Américaine a conduit le Génie à exploiter sans mesure le banc de galets, afin d'empierrer leurs routes. La mer a donc repris près de cinq mètres à la limite Vierville-St-Laurent, ce qui explique la légère courbe qui existe devant la propriété Chevalier, car on ne pouvait poursuivre l'alignement de la digue de 1938 devant la villa Hardelay. Lorsque l'on a refait un plan plus précis on s'est aperçu que le rivage n'était plus rectiligne et que la mer avait gagné du terrain sur les lots 25 à 35.

Lors de prolongation de la digue (vers 1950), jusqu'à Saint-Laurent, la route avait été classée "Route Nationale", les propriétaires ont dû insister pour que les écoulements anciens soient conservés ou rétablis.

Pour l'écoulement de la source des "Routoirs", les Ponts et Chaussées ont installé de grosses buses sous la route.

Depuis la route a retrouvé son statut de route départementale, le CD517.
Dans les années 90, une protection supplémentaire de gros enrochements a été mise en place tout le long de cette digue.
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(détails) Remarquer le chantier de construction de la digue en 1936, avec une sonnette pour foncer des pieux de fondation


Le chantier de construction de la digue en 1950


LA CONSTRUCTION DES VILLAS

Il est difficile de savoir à quel rythme les villas se sont construites. Il existe de très nombreuses cartes postales (des centaines) de diverses époques, qui montrent les constructions qui se succèdent et se modifient, mais les dates manquent pour en reconstituer l'échéancier. Notamment il est à peu près impossible de savoir quelles villas existaient en 1900, en 1914, en 1930.

Les photos ci-contre sont anciennes, vers 1900. Le boulevard de Cauvigny est construit.
La Reposerie est en construction, le Mont Olive est construit, Les Hortensias sont présents, mais l'espace vers St-Laurent est vide jusqu'aux Moulins.
quant à l'espace sous la descente il est relativement vide: la villa Cusinberche n'est pas là, ni le restaurant Casino, ni le café et les cabines Le Gallois.

Les établissements Piprel (restaurant puis hôtel du Casino) et Le Gallois (actuellement bar et brasserie de la Plage d'Or) peuvent être suivis plus ou moins dans leurs déplacements, modifications et agrandissements successifs avec les cartes postales, mais les dates manquent.

Le détail de l'évolution des constructions en bord de mer est abordé dans les chapitres suivants:

    5730-La plage et l'arrivée à la plage
    5731-661-Rues de la Mer et de la Percée
    5732-6642-Bld Cauvigny, Ouest
    5733-6643-Bld Cauvigny, Centre Ouest
    5734-6644-Bld Cauvigny, Centre Est
    5735-6645-Bld Cauvigny, Est


vers 1895. Au loin on voit les maisons des Moulins. Plus près la seule villa construite est "Les Hortensias". Plus près encore on voit la villa des Petel à droite sur sa colline,
La Reposerie est en construction



vers 1900



La plage en 1823-1878(?)-1939


La plage (partie ouest) et le bourg le 30 juin 1943, alors que les Allemands commençaient la démolition des villas et commencé le mur antichar
(montage de plusieurs photos militaires par Thierry Nicolle)


La plage en 2001 (section relative à Vierville)

Un pointage approximatif montre qu'il y avait en 1939, face à la mer, environ 35 villas et maisons plus ou moins grandes (sans compter de nombreuses cabines de plage qui n'ont pas été reconstruites) entre l'établissement Le Gallois (aujourd'hui monument de la Garde Nationale des USA) et la limite Vierville-St Laurent. Par comparaison aujourd'hui, on en trouve presque le double sur la même zone, remembrée après la guerre, soit 63 constructions et quelques permis de construire non encore réalisés.
Sur la zone remembrée du pied de la descente à la mer jusqu'à l'ancienne carrière, on trouve aujourd'hui environ 20 maisons et villas, il y en avait 22 avant guerre, y compris la maison des Gambier encastrée plus loin dans la falaise. Les cabines de plage d'avant-guerre n'y ont pas été reconstruites.

Voici ce que un document publicitaire de 1932 disait de ces constructions balnéaires/

"Si en descendant vers le boulevard, on ne voit que des chalets et habitations légères et de petites dimensions quoique coquettes, tels que Marinette, Mon Repos, Les Capucines, Petit Logis, Manick, Simple Abri, La Vague, etc., etc., plus on avance sur ce boulevard, plus les constructions deviennent importantes, tels La Reposerie, Les Embruns, La Bise, Les Millepertuis, bâties à mi falaise ou isolées comme Les Algues ou groupées au pied comme Le Mont-Olive, séparées quelquefois par des espaces de verdure qui attendent de nouvelles constructions.

D'autres réapparaissent de plus en plus jolies, avec leurs jardins artistement dessinés aux magnifiques allées soigneusement ravinées et ratissées:quelques-unes de ces villas disparaissent sous des amas de verdure, d'autres étalent au grand air leur superbe architecture, tel le groupe des huit villas qui se trouvent vers le milieu de cette voie et forment un ensemble du plus harmonieux effet avec leur style et genre de petits châteaux normands, parmi les plus beaux : La Sauvagère, dont l'édification est due à M le docteur Létienne, puis, à côté, la magnifique villa de M. Richard imprimeur parisien, celle de M. Scheffer et pour terminer la série la super-habitation de M. le docteur Parmentier, ancien médecin à l'Hôtel-Dieu de Paris. Ce groupe de villas construit à mi-côte est du plus merveilleux effet et attire l'attention.

Et cela nous conduit, après un espace de verdure, jusqu'à Saint Laurent où plus audacieusement plantées sur le bord du boulevard, semblant n'avoir rien à craindre des embruns, se trouvent "Les Bruyères, La Videlouière, les Villas Gabrielle et des Bergeronnettes, Les Tamaris", etc., formant un ensemble, et nous arrivons à rejoindre la route de Saint-Laurent à la mer que nous avions laissée à droite en quittant Formigny."

La Reconstruction du Boulevard de Cauvigny (1950-1970)

Sur le boulevard de Cauvigny, la reconstruction a été terminée dans les années 1950 et 1960 et complétée ensuite par de nombreuses villas entièrement nouvelles.
Aujourd'hui, on peut y compter environ 60 à 65 propriétés bâties (au lieu de 30 à 35 avant guerre) et il n'y a plus que très peu de terrains constructibles non bâtis. Toutefois sur chaque terrain déjà construit, les droits à construire théoriques autorisé par les COS (Coefficients d'Occupation des Sols) ne sont pas souvent épuisés.
Il s'agit bien sûr de droits théoriques, car ces droits sont aujourd'hui soumis à l'appréciation des commissions de protection du Grand Site d'Omaha Beach. Le Grand Site a en effet pour mission de principe "d'assurer la préservation de ses qualités exceptionnelles, qu'elles soient pittoresque, historique, scientifique ou légendaires"
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Commentaires du Plan Local d'Urbanisme (2011)


On reconnait en haut à gauche les villas Hardelay et Mathy
au centre les 2 baraques suédoises récupérées des reconstructions provisoires des villes en 1945/46
A droite et de haut en bas les villas Parmentier, Cordelle, Denys (construite par M. Prior à l'origine)


On reconnait en bas
- à droite la villa construite par M. Prior - à gauche une villa Marchal - au centre une villa Lebrec (d'avant la guerre)


Ci-dessus et ci-dessous, des appréciations diverses sur les très nombreux types de réalisations en matière de clôtures