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La Résistance à Vierville sur Mer

Désiré Lemière


Désiré Lemière habitait le hameau de Fosses Taillis, tout près de la limite de Saint-Laurent-sur-Mer. Agriculteur à l'origine, il ne disposait que de peu de terres, et les Allemands en ayant réquisitionné une partie, il est devenu alors facteur à St-Laurent, ce qui lui permettait de circuler partout sans attirer l'attention.
Depuis janvier 1943, il a fait partie du "Groupe Alliance" qui rassemblait des renseignements militaires et les transmettait aux Alliés. Son groupe local a finit par être découvert par les Allemands et il a été arrêté le 5 mai 1944 par la Gestapo, puis fusillé le 6 juin 1944 à la Prison de Caen.

Pour commémorer son souvenir, la rue du lotissement communal dans le quartier de Guerberue porte son nom.

Désiré Lemière était le grand père maternel de l'actuel maire de Vierville.

Robert Boulard

Le Conseil Municipal a donné le nom de Robert Boulard à la rue qui dessert le lotissement « Les Embruns de la Liberté » (connu aussi sous le nom de lotissement Dumont, près de l’amorce de la rue du Hamel au Prêtre),

Robert Boulard était facteur à Trévières et il habitait Vierville, au hameau de Vacqueville.

Comme Désiré Lemière, il était agent de renseignement du "Groupe Alliance", et il a aussi été arrêté le 5 mai 1944.

Dans la matinée du 6 juin 1944, il a été fusillé à la prison de Caen, en même temps que tous les autres prisonniers de la Gestapo à Caen. Leurs corps ont été transporté en camion dans un lieu inconnu dans l'après midi et n'ont jamais été retrouvés. Ils se trouvent probablement toujours enfouis quelque part non loin de la ville, car le camion qui transportait les corps a fait plusieurs navettes de faibles durées.

Charles Olard

Charles Olard était receveur des Postes à Saint-Laurent et résidait à Vierville au hameau de Fosses-Taillis, comme Désiré Lemière.
Il a été, comme les autres, arrété le 5 mai 1944, mais semble avoir été libéré avant le 6 juin 44.

Le réseau de résistance "Alliance"

Le Réseau "Alliance" a été fondé dès 1940 par le Commandant Loustanau-Lacau. Il couvrait en principe toute la France. A partir de fin 1942 et l'occupation totale de la France, il a été séparé en plusieurs zones, l'Ouest (secteur "Ferme") étant confié à Jean Roger dit "Sainteny". Sainteny avait des attaches à Vierville (où il était propriétaire d'une villa à la mer) et aussi à Aignerville, il avait nommé un responsable pour le Calvados: Robert Douin (dit "Civette") qui résidait à Caen mais se déplaçait fréquemment dans tout le Bessin.

Le secteur du Bessin était sous la responsabilité de M. Couliboeuf (dit "Bison noir"), instituteur à Formigny, et disposait d'un opérateur radio Rodriguez (dit "Pie") et d'une boite aux lettres à Bayeux formée avec 2 institutrices : Melles Julia Picot et Germaine Limeul.
3 groupes de recherches de renseignements ont alors été recrutés:

1/ A Bayeux,

2/ A Port-en-Bessin, un groupe dirigé par Paul Bernier (dit "Tigris") et Georges Thomine (dit "Cachalot") et qui comprenait les 6 agents: Pierre Cardron, Edouard Cardron, Léon Cardron, Léon Payen, Gaston Chauvin et Auguste Thomine.

3/ A Vierville, St-Laurent et Trévières, un groupe dirigé par Désiré Lemière (dit "Chordeille"), avec Robert Boulard, Charles Olard et Albert Anne (forgeron à Asnières), groupe dans lequel les 3 premiers étaient postiers et résidaient dans notre village. Cette équipe observait et transmettait des renseignements précis, profitant des facilités de circulation des postiers qui pouvaient discurter avec les habitants sans attirer l'attention.

Le secteur voisin Villers-Bocage était dirigé par le radio Jean Caby (dit "Emouchet"), avec 8 agents de renseignements.

D'autres agents étaient dans les secteurs de Caen et Ouistreham.

Le réseau Alliance n'était pas le seul à exercer des activités de résistance dans le Bessin et le Calvados. Tous ces réseaux étaient complètement séparés et ils s'ignoraient pour des raisons de sécurité: réseau OCM, qui faisait surtout du renseignement (Guillaume Mercader), réseau du Front national qui ne faisait pas de renseignement mais de la propagande, réseau Mithridate dépendant des services britanniques (Marcel Aulombard à Bayeux notamment); mouvement Libération Nord qui faisait aussi du renseignement ( Joseph et Arthur Poitevin à Port-en-Bessin).

Au total on compte dans le Bessin 135 personnes recensées comme résistants (179 d'après un autre décompte), dont 15 à 20 pour "Alliance".
Ces agents étaient issus de toutes les classes de la société, en proportion voisine de leur répartition réelle. Leurs motivations étaient diverses: rejet de l'ennemi naturel, cadres de l'Armée refusant l'armistice et le régime de Vichy, à partir de 1943 refus du STO en Allemagne, parfois idéologie communiste ou anti fasciste. Nombreux sont ceux qui se sont engagés sans même connaître l'organisation qui les utilisait, le secret restant essentiel à la sécurité. Tous ces hommes disposaient d'un courant de sympathie parmi la population du Bessin, ce qui a facilité leur travail dans la discrétion nécessaire.

Les renseignements recherchés concernaient l'ensemble de l'organisation allemande, et notamment les grandes batteries côtières: Longues, le Hoc, Maisy, les défenses tout le long du rivage, les dépôts de carburants, etc.

La transmission des renseignements se faisait généralement par radio (cas du réseau Alliance), mais aussi par pigeons voyageurs (cas de l'OCM).
Chaque réseau transmettait en Angleterre ce qu'il avait pu rassembler. Les résultats étaient exploités à Londres et soigneusement recoupé avec les reconnaissances aériennes. La lourdeur de ce traitement entraînait parfois des retards et des erreurs. Mais globalement, l'efficacité des réseaux français a été reconnue.

Le réseau Alliance, comme la plupart des réseaux de résistance a été durement touché par la répression. Malgré toutes les précautions, il était difficile d'éviter des infiltrations par des agents français travaillant pour le compte des Allemands. Quant aux radios, ils étaient facilement repérés par radiogoniométrie, ce qui les obligeait à se déplacer constamment et à des cadences très rapides.

Dans le réseau Alliance du Calvados, la période sombre a commencé le 14 mars 1944 avec l'arrestation à Paris d'un agent de liaison de Robert Douin (Jean Truffaut dit Tadorne, qui possédait sur lui des documents importants sur le réseau et qui avait rencontré Robert Douin le 9 mars).
A la suite, le 17 mars, Robert Douin a été arrêté à Caen, Georges Thomine a été arrêté à Port-en-Bessin, Jean Caby a été arrêté à Villers-Bocage.
Le 4 mai, la quasi totalité du groupe de Villers-Bocage a été arrêtée.
Le 5 mai, c'est le tour du groupe de Vierville-Saint-Laurent-Trévières qui, lui aussi, est arrêté en totalité: Désiré Lemière, Albert Anne, Robert Boulard et Charles Olard.
Ces arrestations étaient en général faites par des Français travaillant pour la Gestapo.
Tous ont été interrogés sous la torture à Caen, 4 ont été libérés, 1 déporté et 16 fusillés le 6 juin 1944 à la prison de Caen, dans la panique qui semble avoir saisi les Allemands le matin du débarquement. Leur dépouilles n'ont jamais été retrouvées.
A cette époque, en l'absence de Débarquement, leur sort aurait été la déportation dans les camps de la mort (Dachau, Buchenwald, Mauthausen, Struthof...) où les chances de survie étaient faibles.

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