La situation à Vierville était
toujours difficile pour les Américains le matin du 7 juin.
Ils étaient peu nombreux et n'avaient aucun espace ni
pour manoeuvrer en cas de contre-attaque, ni pour leurs dépôts
d'approvisionnements, ni pour des renforts, la plage était
toujours à la portée de l'artillerie de campagne
Allemande, les débouchés de Vierville vers
Gruchy, Louvières et Formigny étaient bloqués
par les Allemands.
La sortie St-Laurent (D3) n'était
toujours pas ouverte, et la moitié ouest du bourg de Saint-Laurent
était au mainsdes Allemands.
Les objectifs fixés pour le jour J, c'est-à-dire
Grandcamp, les abords d'Isigny, et Trévières étaient
donc bien loin d'être atteint.
Le général
Gerhardt, commandant la 29ème Division, avait débarqué
le soir du jour J à Vierville et avait établi son
poste de commandement dans la carrière donnant sur le bas
de la vallée.
Le 116°Régiment
(Colonel Canham à Vierville) était durement éprouvé
et la plupart de ses unités étaient encore éparpillées.
Ses bataillons n'avaient encore aucun de leurs véhicules
et devaient porter à bras les armes lourdes.
Le bataillon 1/116 a commencé
la journée avec seulement 250 hommes à Vierville,
mais au moins il avait récupéré son état-major.
Les bataillons 2/116 et 3/116 étaient
devant St-Laurent et sur le plateau du Ruquet.
Il y avait aussi à Vierville les Rangers (environ 500
h des 5/Rgr et 2/Rgr) et les 25 chars restant du
743ème bataillon de chars, et ce qui restait du 121ème
bataillon du Génie. Au total un milliers d'hommes, groupés
à Vierville alors que la force sous les ordres du Colonel
Canham aurait dû compter 4000 hommes.
Le régiment de renfort,
le 115ème, était lui aussi sans véhicules,
et il avait bivouaqué au sud-est de St-Laurent.
Le 3ème régiment de la division, le 175ème,
était encore à bord des transports de troupes.
Les mouvements du 7 juin
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Les Allemands étaient
toujours proches de Vierville dans le Sud.
De bonne heure à 5h30 le 7 juin, une contre-attaque
confiée la veille au
bataillon du Génie de la 352ème Division (le
352 Pionere Abteilung) a
forcé la Compagnie B du 121°Bat. du Génie
à quitter l'Ormel
et à reculer vers le village.
Ce bataillon devait attaquer depuis Louvières dès
2h00 du matin. Il est probable
que l'attaque a été lente à se mettre
en place et que les Allemands n'avaient pas les moyens de
pousser très loin, faute d'armes lourdes, de blindés
et d'artillerie (celle-ci avait dû se replier par
précaution dans la nuit et ne fut vraiment de nouveau
en action que le soir du 7 juin).
L'affaire de l'Ormel et des infiltrations dans Vierville
toute la journée ont inquiété beaucoup
les Américains, toujours préoccupé
par une éventuelle attaque de Panzers.
A la Pointe du Hoc, l'autre
moitié du 2ème bataillon de Rangers (une centaine
d'hommes capables de combattre) était toujours
isolé, affaiblie par de lourdes pertes et manquant
de munitions.
Les Viervillais, eux, commençaient à réaliser
qu'ils étaient libérés, ils comptaient
les morts et les destructions, et ils s'inquiétaient,
comme les Américains, d'un retour possible des Allemands.
A Louvières, les habitants attendaient toujours les
Américains, 3 des leurs avaient été
tués.
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Les décisions suivantes ont été prises dans
la nuit du 6 au 7 juin par le Général Gehrardt:
1/
Les Bataillons 2/116 et 3/116 (actuellement devant St-Laurent)
nettoyerait les restes de résistance ennemie le long des
falaises entre Vierville et St-Laurent
2/ Le Bataillon 3/115 (actuellement à
l'est de Saint-Laurent) nettoyerait complètement le village
de St-Laurent, et continuerait sur Vierville pour tout autre travail
analogue si nécessaire.
3/ Les Bataillons 1/115 et 2/115 (actuellement
au sud et sud-est de Saint-Laurent), pousseraient vers Longueville,
en passant largement au Sud de Vierville, à
travers champs, et en traversant Louvières.
4/ Le Bataillon 1/116, le 5° Bataillon de Rangers
et les Compagnies A, B et C du 2°Bataillon de Rangers, appuyés
par des chars du 743° Bat., (toutes unités actuellement
dans Vierville) partiraient vers l'Ouest par la route vers la
Pointe du Hoc.
Toutefois la contre-attaque Allemande
du matin a conduit à rappeler d'urgence 4 des 9 compagnies
Rangers avec quelques chars pour défendre Vierville
et le nettoyer des infiltartions allemandes.
5/
Le troisième régiment de la 29ème Division,
le 175ème régiment d'Infanterie devait débarquer
dans l'après midi et partir à pied directement vers
La Cambe, en traversant Vierville et Gruchy.
6/ Des renforts de blindés ont été
débarqués le 7 juin dans le secteur de la 29ème
DI, notamment:
- La CieD/743, équipée de 16 chars légers
M5 Stuart.
- Le 747ème Bataillon de chars (48 chars Sherman et 16
chars Stuart).
- La moitié du 635ème bataillon de Tank-Destroyer
M10 pour fournir un appui antichar aux chars moyens Sherman.
Ces unités devaient rester disponibles pour repousser une
attaque blindée Allemande, toujours prévisible et
qui préoccupait beaucoup les Américains.
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