Les 500 hommes
destinée à relever le Colonel Rudder à la
pointe du Hoc se composait des 3 compagnies du 2ème Ranger
(la moitié de leurs effectifs soit 100h) , de 2 compagnies
du 5ème Rangers (120h) et de tous les hommes valides que
l'on avait pu regrouper du Bataillon 1/116, soit seulement 250
fantassins.
L 'ensemble s'est élancé vers 08h00 le 7 juin,
avec en tête les Compagnies A, B et C du 2°Bataillon
de Rangers, marchant en double file de chaque côté
de la route, partant de Vierville.
Dix chars de la Compagnie B du
743ème Bataillon de Chars, suivaient de près,
pour pouvoir se placer en tête ou en queue de colonne, selon
les besoins.
Beaucoup de petites positions allemandes ont été
dépassées, quelques-unes presque au bord de
la route, mais elles n'ont pu empêcher la progression. Les
chars les ont arrosé d'un feu intense pour couvrir l'infanterie
qui n' a jamais été obligée de se déployer
et ne s'est pas arrêtée pour attaquer les groupes
ennemis dépassés.
Grâce à ce système,
à 11 heures du matin, la colonne a atteint St-Pierre-du-Mont,
à mille mètres seulement de la Pointe du Hoc, tout
près de son but, mais sans pouvoir aller plus loin.
Voici le récit des événements
vus par les hommes de la Cie C/116, interrogés plus tard
par le Lieutenant Shea:
"Les
ordres reçus par le Capitaine Hawks et le Lieutenant Bedell
pendant la nuit du 6 au 7 juin prescrivait que leurs troupes feraient
équipes avec les Rangers et les chars pour avancer vers
Grandcamp dès l'aube.
Cette avance a pris un peu
la forme d'un défilé. De leur côté
les Rangers n'ont pas eu de difficultés à décrocher
puis à se former en colonne routière marchant vers
l'Ouest. Mais quand la Cie C/116 a voulu décrocher à
son tour (elle était au Sud de la route)
elle a été immobilisée par des tirs Allemands.
Ces feux ont été contrés par les mitrailleuses
des chars et les fusiliers ont pu finalement se mettre sur la
route à la suite des Rangers. Ensuite, la Cie C/116 étant
en route, les chars Sherman sont partis à leur tour, et
ont dépassé la colonne pour se placer en tête
vers St-Pierre-du-Mont et Grandcamp.
Les Rangers et la Cie C/116
n'ont pas eu trop de difficultés le long de la route. Les
chars, bien que collés à la chaussée, soutenaient
efficacement les fantassins contre les tirs d'armes automatiques
qui bloquaient la progression. Les Rangers furent en tête
pendant la matinée, puis la Cie C/116 pris la suite pour
attaquer St-Pierre-du-Mont. Les hommes racontent que la principale
opposition venait des concentrations d'artillerie qui leur tombaient
dessus fréquemment.
Ils avaient atteint des positions proches de St-Pierre-du-Mont
au soir du 7 juin, où ils se sont enterrés. Le matin
suivant 8 juin la Cie C/116 suivit les chars qui partirent pour
la Pointe du Hoc où des Rangers étaient isolés
depuis l'aube du 6 juin."
Récit du Technician Richard
E. Rankin, 2nd Ranger Battalion, Company A.:
(sur la route de la Pointe du Hoc)
"Ensuite Joe Trainor m'a rejoint. Alors que nous parcourions
un virage sur la route, un soldat allemand se leva de derrière
une haie et tira sur Joe huit fois dans la poitrine. Avec l'estomac
dans les talons, j'ai couru me mettre à couvert derrière
une haie et je me suis trouvé face à face avec un
soldat allemand. Il s'est retourné brutalement et il a
tiré. J'ai aussi tiré et il a disparu. Ce fut très
dur, je ne l'ai jamais oublié. A 11h30 nous étions
à moins de 750 mètres de notre objectif, quand nous
sommes arrivés dans un périmètre défensif.
Une mitrailleuse a ouvert le feu sur nous. Un autre gars et moi-même
avons couru en direction d'une maison pour nous protéger,
quand je pense que j'ai trébuché sur une pierre.
Puis cela a commencé à me brûler, j'avais
été touché. Une balle avait transpercé
mon pied. J'ai rampé jusqu'à un fossé et
j'ai ôté ma chaussure. Je me suis ensuite fait une
piqûre de morphine dans la jambe. Je suis resté allongé
dans le fossé pendant dix minutes, puis sur une jambe j'ai
rejoint en sautillant la colonne principale de soldats qui se
trouvait 400 mètres en arrière."
"A 15h00, un fermier français (Mr Houyvet,
de Vierville) est apparu et a proposé d'aider à
évacuer les blessés pour la plage avec sa carriole
tirée par des chevaux. Nous lui avons répondu qu'il
se ferait tirer dessus par les Allemands s'il était vu
nous aider, mais il a juste haussé les épaules.
Il y avait une petite fille blonde avec lui, sa petite-fille (Marguerite
Houyvet). Notre infirmier insista pour que nous nous débarrassions
de nos armes et munitions avant qu'il fixe un drapeau de la Croix
Rouge sur la carriole. C'était une règle de guerre.
Quand nous sommes revenu à Omaha Beach, nous avons été
transportés dans un hôpital américain en Angleterre."