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L'Ormel

(extraits et adaptations des Notes Historiques sur le Bessin et de la Statistique Monumentale du Calvados par Arcisse de Caumont)

 

L'ancien manoir se distingue par son vieux logis (16ème siècle) et par son porche (daté 1632) en bordure de la route allant vers la mer, entre le Vaumicel et l'église. Les sculptures en forme de coquilles montrent que c'était une étape pour les pélerins en route vers St-Jacques de Compostelle.

Voici ce qu'en disait un document publicitaire de 1932:

"En prenant la direction de Vierville, on voit à l'entrée de ce village, au bord de la route les remarquables entrées d'une grande gentilhommière, c'est le "manoir de Lormel", propriété de M. Leterrier depuis 1922.
Bâties à la fin du XVI° siècle, alors qu'il était sage de ne pas ouvrir sa porte à tout venant, les entrées sont surmontées d'une tribune ajourée par les bouts afin de permettre un coup d'oeil sur la route. Actuellement la grand porte est toujours ouverte ; les curieux peuvent faire quelques pas dans la vaste cour parfaitement tenue et entourée de bâtiments agricoles aboutissant à une confortable maison de maître; celle-ci occupe le côté septentrional et présente encore quelques fenêtres du temps d'Henry IV, le roi de "la poule au pot ".
Parmi les arbres qui l'entouraient jadis, il y avait sans doute un magnifique Ormel dont ce lieu reçut le nom. Dès 1618 l'un des Canivet était appelé le sieur de Lormel."

Le 6 juin 1944, les bâtiments de l'Ormel ont servi de point d'appui pour des GIs qui ont ainsi pu empêcher les renforts Allemands d'approcher de Vierville.


L'Ormel dans le premier cadastre de 1823


(détails)


(détails) L'Ormel en 1995


(détails) L'Ormel en 1994


le manoir vu du sud, entouré de ses bâtiments de ferme


avril 2007

 

 




































(détails) La ferme au temps des Leterrier, avec les nombreux chevaux de labours

(détails)


Après la guerre, avant reconstruction


La lucarne centrale avec la coquille qui indiquerait que l'Ormel était une étape des pélerins marchant vers Compostelle


La lucarne Est


Vers 1960


L'Ormel, ferme-manoir fin du 16ème siècle

La commune de Vierville-sur-Mer dispose de plusieurs fermes-manoirs, typique du Bessin. Ces corps de ferme en pierre sont organisés autour d’une cour carrée fermée par les bâtiments d’exploitations aveugles sur l’extérieur et de hauts murs qui protègent du regard.(voir schéma ci-dessus)

A l'Ormel, 5 bâtiments et 5 murs à sauvegarder au titre des paysages



(détails) Le portail piétonnier de l'Ormel

(détails)Le vieux portail de 1632 et
balcon fermé du 16ème siècle




 Le portail double de l'Ormel 1929

(détails) Le vieux portail de 1632 et
balcon fermé du 16ème siècle





































Bois B6 - Ferme de l'Ormel bordure Nord - OA98 et 99 - 0,52 ha
Ensemble Boisé n°B6 (classé au POS 1995) :
 Localisation : Ferme de l'Ormel, bordure Nord des parcelles OA 98 et 99, en espace semi-agricole, semi-urbanisé
 Taille et état général : 0,52 ha de boisement dégradé car une partie a été coupée, mais une régénération est possible car des jeunes plants (d'érable sycomore) sont visibles; le petit boisement est devenu une haie de qualité moyenne
 Variété des essences et des strates de végétation : La strate arborée est majoritaire avec de nombreuses broussailles (ronces). Les essences représentées sont : chêne, frêne, orme, sureau, érables sycomores en jeunes plants
 Perception du bois dans son environnement : sert de brise-vent et d'élément paysager sur le plateau agricole assez ouvert, mais également d'intégration du bâti
 Rôle dans la protection des eaux : Présence d'une mare
 Rôle écologique : faible intérêt écologique du fait de la non continuité de la haie avec d'autres haies
Cet espace boisé mérite un classement de part son rôle paysager.

Proposition de maintien du classement
B6 - Maintien du classement - Bordure Nord OA98 et 99 - 0,52 ha



Extrait des Notes Historiques sur le Bessin (vers 1930)

En allant de Vierville à Formigny, on remarque l'imposante entrée de cette gentilhommière agricole, devenue la propriété de M. et Mme Leterrier. La grande porte étant toujours ouverte, les passants peuvent constater la parfaite tenue de la vaste cour et des bâtiments d'exploitation.

L'antique logis qui occupe le côté septentrional a encore quelques ouvertures de la fin du 16ème siècle.

A cette époque remonte aussi le balcon fermé qu'on voit dans le grand mur où se trouvent les portes d'entrée. Alors que des malfaiteurs erraient dans le pays, la visière du balcon donnant sur les portes permettait au gardien de sonner l'alarme en cas d'attaque. A ce haut mur, qui porta jadis les couleurs rouge, blanc et or des Canyvet, on voit maintenant le pacifique bouquet d'épis de blé enrubannés par les moissonneurs.

Les propriétaires successifs de Lormel.

Voir le tableau généalogique

"""""D'après les archives du Calvados et les minutes notariales de Trévières, Lormel demeura dans la même famille, des environs de l'an 1500 au 21 avril 1843.

Venu des Bailleul aux Canyvet par le mariage de Guillaume 1er Canyvet et de Françoise-Catherine de Bailleul en 1553, il fut le lot (en même temps que Vierville, probablement en ruine à l'époque) de Marin Canyvet, l'un des sept fils de Catherine.

En son manuscrit, le sieur du Vaumissel (Jean 1er Canyvet, frère de Marin, qui a laissé des documents écrits) note que " le 28 octobre 1585, Guillaume Canyvet, fils de Marin, sieur de Lhormel, et de Françoise de Miharent, mourut (il était très jeune enfant) et fut inhumé a Libreville, au-delà de Coutances ".

Françoise de Miharent on Meherenc (son mariage avec Marin date de 1580) était d'une famille établie à Trévières et y possédant les Londes (aujourd'hui appelées les Tourailles). De cette dame de Lormel descendirent les Canivet de la Rougefosse et ceux de Leaupartie qui furent sieurs de Lormel.

Marin Canyvet mourut en 1590 "le lundi après Pasques fleuries" c'est-à-dire le Lundi Saint.

Il eut pour héritier Gilles, qui épousa Marie Maillard, dame de Leaupartie, et fut le père de René Canivet-Maillard, sieur de Lormel (et aussi de Vierville, c'est probablement René et sa fille Marie-Thérèse qui ont reconstruit le château de Vierville au 17ème siècle et s'y sont installés, délaissant l'Ormel devenu trop vieux).

Après René, sa fille, Marie-Thérèse et son second mari (mariage en 1685) Guillaume Canivet partagèrent la possession de Lormel avec Elisabeth Le Bas, veuve du sieur de Port et avec le sieur de Coursy, petits-fils d'une Canivet. (Vierville fut légué aux héritiers du 1er mariage -1670- de Marie-Thérèse, avec Gilles de Marguerye)

Mais ces propriétaires, n'habitant pas l'antique manoir, négligèrent son entretien. Aussi furent-ils assignés à la requête de leur fermier, Michel Périou, par exploit du 25 octobre 1712 "pour se voir condamner à mettre les maisons, portes et barrières du lieu de Lormel en deues réparations". Guillaume Canivet, le sieur de Coursy et l'héritier d'Elisabeth de Port, Marc-Antoine de Beaurepaire, seigneur de Vendoeuvre, s'entendirent pour faire les réparations dues.

Simplement viagers, les droits du sieur de Coursy et de Mme de Port, sur Lormel, cessèrent avec leur vie, Guillaume Canivet lui aussi mourut; son fils aîné, Isaac-François Canivet, devint seigneur de Lormel, en même temps que du Moley et du Vaumissel; mais bien que marié avec Marie-Louise Gosselin d'Anisy, il ne laissa pas d'héritier direct.

Le 13 janvier 1765, ses biens furent partagés entre son frère Jean-Louis, seigneur de Vacqueville, et son neveu, Gilles-Edouard de Marguerie, seigneur de Vierville, fils de Gilles-Armand de Marguerye, qui en jouit jusqu'à sa mort 9 thermidor an XI (1802). Lors du partage de sa succession (en 1805), Lormel fut le lot de sa fille, Françoise de Marguerye, mariée à Joseph-Jacques-Henri Morin de Litteau, seigneur de VaulaviIle (fils du châtelain qui donna, en 1740, le terrain nécessaire à la construction d'une école gratuite pour les garçons à Tour).

Françoise de Marguerye habita Vaulaville avec son mari qui, après la Révolution, fut maire de Tour et bienfaiteur de cette localité. Leur succession fut partagée par leurs filles, Marie-Jeanne Morin, dame Achard de Vacognes, qui eut Vaulaville, et Aglaë-Marie-Thérèse Morin, qui épousa en 1804 Louis-Lubin Couliboeuf, marquis de Blocqueville, chef de bataillon, et qui eut Lormel.

De ce mariage naquirent Xavier Couliboeuf de Blocqueville, qui devint capitaine, et Léonie Couliboeuf, qui épousa Jean-Baptiste Wastelier, d'Haillicourt.

Propriétaires indivis de Lormel, le capitaine et sa soeur l'échangèrent le 21 avril 1843, contre un domaine appartenant à la comtesse le Gonidec de Paulan. Celle-ci transmit Lormel à son fils, le comte Louis-Ernest Le Gonidec, qui laissa trois enfants : Marie-Berthe, Constant et Fernand. L'aînée, Marie-Berthe Le Gonidec, devenue propriétaire de Lormel, le céda pour 243.000 francs, le 29 juillet 1892, à Clémence Le Pesant, veuve du comte Courtin de Tortay de Malherbe. Celle-ci, mourant le 28 septembre 1916, donnait Lormel àsa soeur, la comtesse de Montmirail, qui le redonnait le 29 septembre 1917 à Yvonne de Fayet, baronne Paul Feray.

Le 7 juin 1921, le partage fait entre les sept enfants de la baronne Feray attribuait Lormel à une de ses filles, Marie-Camille Feray épouse du baron Joseph-Marie de Leusse de Syon, habitant le château de la Bussière, en Sainte-Gauburge (Orne).

Enfin, le 11 juillet 1922, Marie Feray, baronne de Leusse, vendait Lormel, bâtiments, herbages, dont l'un appelé le Chemin-du-Roy, les autres Pré-des-Teurterets et Cabourg, en tout 90 hectares de terres à Monsieur Alphonse Leterrier et à son épouse, Mme Charlotte Anger. """

Vers 1940, L'Ormel était exploité par M. Louis Leterrier. En 6 juin 1944, le logis principal a été incendié. Par la suite, il a été reconstruit et la grande ferme vendue, d'abord à M. et Mme Jacques Lamy en 1971.

Depuis les bâtiments ont été partagés. Le corps de logis principal (partie Nord) est depuis 1976 propriété de M. et Mme Georges Manson, alors que la partie Sud des bâtiements est devenue propriété de la famille Pichon.