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Notes
historiques sur Vierville
VIERVILLE-SUR-MER
Canton de Trévières,
Arrondissement de Bayeux Superficie : 641 ha Population 1999 :
241 hab Habitants : les Viervillais
Blason
de la Commune: ci-contre, établi après la guerre 39-45, les
3 canards rappelaient le Débarquement et les "duck" ou "canards" américains,
les 3 marguerites rappelaient les deux familles - de Marguerye et de Marguerit
de Rochefort - qui se sont succédées au château de Vierville
et au Manoir de Than depuis le 17ème siècle.
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Origine du nom de la
Commune: du nom de personne germanique
ou scandinave " Wivar " et du latin " villa " signifiant domaine,
l'ensemble désignant le " domaine de Wivar " exprimé comme
dans les langues germaniques, l'adjectif précédent le nom.
Vierville-sur-Mer est ainsi
noté "Wiarevilla " en 1158 et " Viarvilla " en 1264.
Il semble donc que le village remonte au moins au temps des installations
nordiques en Normandie. En fait il est vraisemblable que la plupart
des paroisses ont été reconnues à l'époque
carolingienne au 9ème siècle. Un chef viking nommé
Wivar et ses hommes ont dû s'installer ici, au milieu de populations
parlant un patois d'origine latine et c'est ainsi que le bourg s'est
appelé "le domaine de Wivar". Comme ces envahisseurs
n'étaient généralement pas accompagnés de
femmes, ils les trouvaient sur place et celles ci transmettaient aux
enfants une langue à structure latine. La langue norroise a disparu
en quelques générations mais de nombreux mots d'origine
scandinave se sont incorporés dans le patois initial issu du
latin.
Wikipedia indique "Mentionné sous la forme Wiarevilla
en 1158, de l'ancien français ville au sens de domaine rural
et du nom de personne anglo-scandinave Wivar, attesté au nord
de l'Angleterre, variante du nom norrois Vidhfari. Homonymie avec Vierville
(Manche, Viarvilla 1284). Même anthroponyme probablement contenu
dans Virville (Seine-Maritime, Wivarevilla v. 1210), Viertot (Seine-Maritime)
et les toponymes anglais Weaverthorpe (Yorkshire, Wiveretorp v. 1110)
et Wiverton (Nottingham) (François de Beaurepaire, Les noms des
communes et des anciennes paroisses de la Manche, éditions Picard
1986)".
Par
la suite, les chefs locaux se sont succédés, et certains eurent
l'occasion d'émigrer et de faire souche dans les pays voisins. D'abord
lors de la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant,
les participants se virent attribuer des domaines outre Manche, ensuite les expéditions
en Sicile, puis plus tard les guerres de Religions et la Révocation de
l'Edit de Nantes ont conduit des seigneurs de Vierville à s'expatrier vers
l'Angleterre, l'Allemagne, puis ultérieurement les États-Unis.
Encore aujourd'hui, une famille britannique s'appelle
Crespigny-Vierville, rappelant les fiefs de Vierville et Crespigny.
Aux États-Unis des Américains ont gardé le nom
de Wierwille, probablement des émigrés en Allemagne
(et en Suisse) qui ont germanisé leur nom de "Vierville" en "Wierwille"
avant d'émigrer vers 1900 en Amérique comme beaucoup d'autres
Allemands. Neil Armstrong, le premier homme à avoir marché
sur la lune serait l'un de leurs descendants. Aujourd'hui, certains
ont refrancisé leur nom qui est devenu juridiquement "de
Vierville".
Dans l'extrait ci-dessus de la carte de
Jean Petite, dessinée en 1675, on remarque
sous le nom "VIERVILLE SUR
LA MER", une église dont le "patron
des bénéfices" est "S", le "seigneur
du lieu" et la mention d'un "Ancien Port".
Remarquer aussi les mentions sur la bataille de Formigny en 1450, le
"5" près de Trévières qui signifie la
présence d'un marché le vendredi, tradition qui se poursuit
bien sûr aujourd'hui.
Plus récemment, la commune a été créée
au moment de la Révolution, (vers 1791), sous le nom de "VIERVILLE",
dont le territoire correspondait à la paroisse
religieuse de Vierville.
La mention "SUR-MER" a été ajoutée par
décret du 1er août 1913.
(détails)
carte manuscrite de Mariette, fin 17ème siècle, avec beaucoup de
détails visibles: les mentions "petit hâvre perdu depuis
50 ans", "fare", un moulin à eau, un moulin
à vent, un "manoir", 2 châteaux: "Vierville"
et le "Vaumisset", "bancs de sable très dangereux",
les noms de 3 hauts fonds au large de la Percée ("banc de Gonti",
"raz et banc de la Tour de la Percée", "banc de la Carre") Remarquer
aussi que la pointe du Hoc s'appelait "la Brebis", ce qui fait
supposer qu'elle n'avait pas la forme actuelle de crochet.
Sur cette carte de Cassini, datant
du 18ème siècle, on trouve, avec un "Corps de Garde",
les principaux fiefs de la commune: "Vierville", le "Vaumisset",
"l'Ormel", "Vaqueville", "Crépigny",
un moulin à vent "Lieu Gaillard" à la localisation
incertaine. Par contre, ni Saint-Sever ni Than ne s'y trouvent, probablement
non construits à l'époque du tracé de la carte. (il
s'agit de la première carte d'ensemble de la France, commandée par
Louis XV)
De nombreuses cartes anciennes sur
lesquelles Vierville est mentionné (page 52) sont maintenant
disponibles.
L'histoire
administrative de la côte normande (page 53), montre
les différentes judidictions qui se sont succédées.
Un document inéressant pour l'histoire de Vierville a été
établi en 1995 par Michel Hardelay, qui a été
maire de Vierville après la guerre. Le 4 octobre 1995, celui-ci
écrivait une longue lettre à Madame Delsuc, résidente
secondaire, pour répondre à ses questions. Vous y trouverez
une
foule de détails sur l'histoire du village (lettre sous forme
fichier doc). (image
jpg de la lettre originale)
On rapporte que la commune de Vierville aurait été autrefois
beaucoup plus importante qu'elle ne l'est aujourd'hui, et qu'au lieu
des 250 habitants actuels, elle en aurait eu 1800 vers le 16ème
siècle. Un chiffre aussi élevé est toutefois peu
probable et aucun texte original ne le confirme. Un chiffre de l'ordre
de 400 habitants est plus probable, fonction des capacités productives
agricoles des 600/650 hectares de la paroisse et du domaine du seigneur
de Vierville.
C'est
en 1823 que le premier cadastre de la commune a été
réalisé. il était prescrit par la loi depuis le
Premier Empire, mais il a dû falloir quelques années pour
en établir dans toutes les communes. Il a permis en particulier
de découper et d'attribuer aux habitants les importants lots
des terrains communaux du long de la mer et dans "Les Vignets",
qui étaient restés indivis depuis les origines.
Le tourisme à Vierville
s'est développé dès la fin du 19ème siècle
et pendant tout le 20ème siècle.
Les premières villas ont été construites vers la
fin du Second Empire (Napoléon III s'était intéressé
au Bessin et avait envisagé de "villégiaturer" à
Grandcamp), mais la route de bord de mer, subventionnée par le
département (la RD 30), n'a vu le jour qu'en 1900, sous l'impulsion
du maire Etienne de Cauvigny (propriétaire de Saint-Sever).
Les débuts du tourisme
ont été marqué par la création de plusieurs
établissements qui existent toujours. Notamment ceux des
familles Piprel (le "Casino"), (restaurant
de bord de plage, puis hôtel-restaurant), Le
Gallois (le Bazar de la Plage), avec une brasserie et des meublés,
Merlin (Hôtel de la Place),
dans le centre du bourg, aujourd'hui disparu), Pignolet
("La Pie qui Téte"),
petit hôtel-restaurant au carrefour du village, avec de curieuses
sculptures anciennes en façade. Les cartes postales anciennes
montrent les évolutions successives de ces constructions.
Après la guerre, le tourisme a repris
comme avant ses activités autour de la plage, le vent et
la mer, mais le souvenir des combats de 1944 ont suscité un développement
considérable du tourisme de passage. De nombreux monuments
et plaques commémoratives ont été mises en
place à Vierville.
L'église
(13ème et 14ème s.), classée, d'assez grande
dimension, atteste que le village a été important dès
le Moyen-Age, surtout si on admet qu'elle disposait de bas-côtés.
On a gardé aussi quelques souvenirs des écoles
et fondations religieuses qui y fonctionnaient sous l'ancien
régime.
Au pied des falaies qui bordent la mer et où se trouvaient quelques
terrains plats, il a existé
un port et une agglomération de maisons. Plusieurs textes
du 16ème siècle et ultérieurs, ainsi que les traces
archéologiques, confirment l'existence temporaire de ce port
pendant quelques dizaines d'années.
Parmi
les souvenirs des siècles passés qui restent dans la commune de
Vierville-sur-Mer, outre l'église, on peut noter plusieurs châteaux,
manoirs ou vieilles fermes, tels que:
- le château de Vierville
(17ème s.), avec quelques vestiges du château féodal
des seigneurs de Vierville au Moyen Âge;
- le château du Vaumicel
(16ème s.), classé monument historique, certainement le
plus original;
- le manoir de Than (18ème
s.), détruit en 1944, qui a servi de cachette lors de la fuite
en 1796 de l'abbé Edgewoth, confesseur de Louis XVI, recherché
par les autorités de la 1ère République;
- la grande ferme de l'Ormel avec
son vieux logis et sa vieille bretèche (16ème et 17ème
s.); une grosse coquille en façade montre qu'il pourrait avoir
servi de relais pour les pélerins sur la route de St Jacques
de Compostelle;
- le manoir de Crespigny (16ème
s.), où subsiste un très vieux logis avec une cheminée
monumentale et un ancien pigeonnier de façade;
- le château de St-Sever(18ème
s.), caché au milieu du bocage;
- le château des Isles,
construit au 19ème siècle et détruit en 1944;
- la ferme de Normanville, ancien fief devenu ferme puis résidence
secondaire;
- la ferme de Vacqueville
ancien fief seigneurial devenu aujourd'hui ferme laitière avec
gîte et chambres d'hôtes.
Tous ont pour origine des fiefs seigneuriaux
dont on peut essayer de retracer l'histoire à travers la vie des familles
nobles qui les possédaient.
Aujourd'hui l'agglomération est resté
encore assez dispersée, comme à son origine, lorsque les
fermes et les manoirs pouvaient s'établir isolément avec
un puits d'eau potable sur place et les troupeaux à traire au
voisinage. Des puits couverts,
des haies anciennes
et des vieux murs de
clôture, de protection contre le vent ou d'enceinte subsistent
toujours aujourd'hui à Vierville. La Commune s'efforce de les
protéger dans ses documents d'urbanisme.
Un centre s'est formé progressivement autour de la rue
Pavée avec les commerçants et artisans, le carrefour
central avec la Mairie et la Poste, la gare (disparue aujourd'hui),
un ou 2 petits hôtels-restaurants, et l'école (aujourd'hui
Centre de loisirs de la Communauté de Communes), et non loin
de l'église et du château.
Des rues se sont bâties tout autour: en premier lieu la rue
du Hamel au Prêtre, le quartier
des Fontaines puis au delà du château et du
manoir de Than, un quartier de maisons anciennes: la Chasse Bertin
et Guerberue. Les autres écarts, Vaumicel, Crépigny,
Saint Sever, l'Ormel, les Isles, Vacqueville, Fosses Taillis (hameau
collé au village de Saint-Laurent), sont restés relativement
isolés.
Après la guerre, l'urbanisation a repris dans ces rues anciennes
et dans de nouvelles voies, comme les rues des Ecoles et du Mont Olive,
les rues de la Hérode, de la Chasse aux Prix, de la Chasse Bertin,
routes de Louvières, de Port, de Grandcamp, etc.. Mais, toujours
des maisons individuelles, sans densification, des herbages séparant
souvent les zônes bâties et donnant l'image d'une urbanisation
assez lâche et encore très campagnarde.
Parmi les nombreux artisans d'avant guerre (menuisier,
mécaniciens, bourrelier, coiffeur, etc..) il y avait encore un
forgeron dans le village, chargé de la fabrication
et de l'entretien du matériel agricole et du ferrage des chevaux.
Cette forge a disparu totalement après la guerre avec l'introduction
des tracteurs. Les forgerons se succédaient semble-t-il de père
en fils dans la famille Blin; le dernier d'entre eux vivait dans une
petite ferme sur la route de Formigny, à droite.
On a aussi gardé le souvenir du bouilleur
de cru qui passait chaque année pour faire bouillir le
cidre et en tirer le calvados. Il s'installait soit dans les fermes,
soit devant le bureau de tabac.
Les transports publics à
Vierville à travers les âges: depuis le début
du 18ème siècle et jusqu'à la construction de la
ligne Paris-Cherbourg dans la seconde partie du 19ème siècle,
des carosses plus ou moins réguliers reliaient Paris à
Caen, Bayeux et Cherbourg.
En 1900, un réseau
à voie étroite (60 cm, voie Decauville) a relié Vierville
à Isigny, Grandcamp et le Molay-Littry (via St-Laurent, Formigny et Trévières).
Ce réseau, devenu obsolète avec l'avènement de la circulalation
automobile, a été fermé en 1928, au profit de lignes de cars,
actuellement "Les Courriers Normands"
Le 1er septembre 1939, a commencé la "drôle de guerre",
terminée par l'arrivée des Allemands le 19 juin 1940.
Des souvenirs de cette période à Vierville ont été
consignés en particulier dans les lettres
qu'une réfugiée parisienne vivant à Vierville,
a envoyé à ses enfants vivant à l'étranger.
On y trouve la trace des préoccupations de l'époque et
de la vie du village en 1939 et 1940.
Le 6 juin 1944, le 116ème régiment de
la Garde Nationale des Etats-Unis a débarqué devant
Vierville, débarquement qui a coûté la vie
à de nombreux jeunes Américains. Leur souvenir se perpétue
et chaque année de nombreux vétérans et descendants
de vétérans se joignent à des touristes de toutes
nations pour visiter Omaha Beach, le site de cette bataille historique,
qui a permis la Libération de l'Europe.
Sur Omaha Beach, les Forces Américaines ont mis en place et exploité
un très grand port artificiel, le Mulberry A, qui leur
a permis d'assurer pendant plusieurs mois les approvisionnements nécessaires
aux combats.
Les anciens maires de Vierville:
Les premiers maires datent de la Révolution. Avant cette
époque, l'Etat-Civil était tenu par les
curés successifs de la paroisse Saint-André de
Vierville. Ceux ci étaient nommés par l'évêque
de Bayeux sur proposition du "patron" de l'église,
le seigneur de Vierville, propriétaire du domaine du château
de Vierville.
A partir de Vendémiaire An I (1791, première année
de la République), la commune de Vierville a été
créée et les maires se sont
succédés sans interruption jusqu'à l'époque
actuelle.
Aujourd'hui les conseils municipaux se préoccupent
de la conservation du patrimoine de la Commune, notamment pour l'élaboration
du Plan Local d'Urbanisme, occasion de sauvegarder les éléments
les plus caractéristiques.
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